Depuis novembre 2018, les évêques ont travaillé sur quatre dimensions de la lutte contre la pédophilie dans l’église : la mémoire, l’accompagnement des auteurs, la prévention et la dimension financière. Pour cela les évêques étaient accompagnés d’experts mais aussi et surtout de personnes victimes d’abus. Cette semaine, les évêques ont particulièrement approfondit la notion de "responsabilité". Lorsqu’un prêtre commet des actes pédocriminels, qu’est ce que cela signifie précisément sur le plan juridique, philosophique, moral, théologique, pastoral, spirituel ? Et qui doit en porter la responsabilité aujourd’hui alors que les faits ont parfois plusieurs dizaines d’année ?
Même si partout dans le monde, l’église catholique explique que la compensation financière n’est pas l’unique réponse aux abus sexuels, la conférence des évêques de France a annoncé en novembre 2019, à Lourdes, l’octroi d’une "somme d’argent, unique et forfaitaire" pour les victimes. Les évêques sont tous d’accord sur le principe mais les diocèses sont désormais confrontés à des difficultés financières importantes à cause de la pandémie. Et puis, il faut le dire, les fidèles, écœurés par les scandales, ne veulent pas payer pour les crimes commis par des prêtres.
Cette promesse de geste financier pour les victimes a déjà reportée en mars 2020 et les évêques doivent trancher aujourd’hui et faire leurs propositions à la mi-journée. Reste à savoir comment fixer le montant de ces compensations financières et pour combien de victimes. Un fond spécial pourrait être dédié à cela. En Allemagne par exemple, les évêques ont décidé la mise en place d’un protocole qui prévoit, pour la victime, une analyse en cinq étapes par plusieurs experts de sa situation, assortie d’une évaluation de la compensation financière dont le plafond a été fixé à 50.000 euros. C’est un exemple, on saura ce vendredi quelle option a été retenue par les évêques de France.
Le sujet du recensement des victimes est confié par la Conférence des évêques et la Conférence des religieux et religieuses de France, à une "commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église", la CIASE. Présidée par Jean-Marc Sauvé, cette instance a pour mission de recenser, depuis 1950, l’ampleur du phénomène pédophile dans l’Église de France. Le rapport final sera publié cet automne. À ce jour, la CIASE a recueilli plus de 6500 témoignages. Elle estimerait que 10.000 victimes auraient été agressées par 3000 prêtres sur les 100.000 qui ont œuvré dans l’Église de France en un demi-siècle.
De son côté, l’Église de France publie régulièrement un rapport sur la pédophilie. Le dernier porte sur la période septembre 2018-septembre 2020. En deux ans, 320 victimes se sont signalées dans 80 diocèses. 191 clercs ont été mis en cause, 8 mis en examen, 5 incarcérés. 4 prêtres ont aussi été libérés après avoir accompli leur peine. Notons aussi que sur cette période, 57 clercs ont été provisoirement suspendus à titre conservatoire, 13 ont été condamnés à des peines canoniques, dont le renvoi de l’état clérical.
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