Les présidents des conférences épiscopales du monde entier ainsi que les supérieurs généraux des congrégations religieuses qui ont été conviés vont se pencher sur la question des abus sexuels commis par des membres du clergé. L'objectif étant de permettre aux évêques de prendre conscience de ce drame et de la souffrance des victimes.
Lors de l'Angélus, dimanche dernier, le pape François avait invité à prier pour cette rencontre, évoquant "un acte de forte responsabilité pastorale devant un défi urgent pour notre époque". Déjà lors de ses vœux au corps diplomatique début janvier, il s'était engagé "à combattre et à prévenir de tels délits et leur dissimulation".
Concernant cette rencontre, le pape François a été clair. Elle ne doit pas être un congrès d'études mais une rencontre de pasteurs. Trois axes de travail sont au programme : la responsabilité des évêques, le fait qu'ils doivent rendre des comptes et la transparence.
Avec en filigrane la question de la prévention. Le pape souhaite que des procédures soient établis, car selon lui, les évêques ne savent pas toujours quoi faire face aux cas d'abus sexuels. Les bonnes pratiques mises en place par certains pays vont donc pouvoir être partagées. Les explications du père Federico Lombardi, ancien porte-parole du Saint-Siège, à qui a été confié le rôle de modérateur lors de ces quatre journées.
Entrer dans le concret afin, aussi, que l'Eglise retrouve une certaine crédibilité et rétablisse le lien de confiance qui a été abîmé. Si les victimes vont être très attentives aux conclusions de ce rendez-vous, il est déjà salué par la communauté catholique. L'Eglise montre ainsi sa prise de conscience. Même s'il y a encore des résistances internes, comme l'explique la théologienne Anne-Marie Pelletier, professeur au collège des Bernardins.
Et pour aider à cette prise de conscience, le pape François a demandé à tous les présidents des conférences épiscopales, avant ce sommet, de rencontrer des victimes d'abus sexuels dans leurs pays respectifs. C'est ce qu'a fait le président de la Conférence des Evêques de France. Il y a quelques jours, Mgr Georges Pontier a rencontré quatre victimes pendant deux heures. Elles ont listé treize propositions qui doivent permettre à l'archevêque de Marseille de porter leur message à Rome. Voici ce que Mgr Pontier en retient.
Les victimes rencontrées par Mgr Pontier ont également insisté sur le traumatisme des abus sexuels sur mineurs et notamment sur la difficulté à révéler les faits. Elles demandent donc la suppression, dans le droit canonique, du délai de 20 ans pour la prescription des abus sexuels sur mineurs.
Elles veulent aussi s'assurer que cette rencontre ne sera pas une opération de communication. C'est pourquoi le réseau Ending Clergy Abuse, qui regroupe une dizaine d'associations de victimes à travers le monde, a envoyé une vingtaine de ses membres à Rome pour suivre les discussions. Avec pour message : tolérance zéro. Jean-Marie Furbringer est membre de ce réseau, membre du groupe SAPEC, l'équivalent de l'association La Parole libérée en Suisse. Il a été abusé par un capucin en Suisse quand il avait 11 ans. Et il estime que l'Eglise doit respecter les droits des victimes.
Douze victimes ont été reçus mercredi par le comité organisateur de la rencontre. L'échange a duré un peu moins de deux heures. Des témoignages qui "aideront certainement à mieux comprendre la gravité et l'urgence des problèmes", selon le Saint-Siège. Les débats vont s'ouvrir jeudi par la vidéo d'un témoignage de victime. Et tous les soirs, lors des temps de prières, une victime viendra donner son témoignage. A noter qu'il n'y aura pas de document final ou de déclaration. La conclusion sera présentée par le Saint Père dans un discours prononcé à la fin de la messe qui sera célébrée dimanche matin.
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