Mgr Xavier Malle, l’évêque de Gap et d’Embrun, est aux premières loges d’un spectacle qui se joue depuis plusieurs années maintenant : la traversée de migrants, souhaitant passer de l’Italie à la France. Comment l’Eglise locale agit en faveur de ces personnes ? Illustration au micro de Clotilde Dumay.
Tous migrants ? Deux mots qui prennent un sens particulier dans les Hautes-Alpes. C’est en tout cas l’avis de Mgr Xavier Malle, évêque de Gap et d’Embrun. Depuis son diocèse, il assiste depuis maintenant plusieurs années à la traversée de la frontière franco-italienne par de nombreux migrants. Un phénomène qui ne choque pas ici, à Gap, selon lui. "Les Hauts-Alpins ont longtemps été migrants, et notamment migrants économiques. Ils ne font pas de différences entre migrants politiques ou migrants économiques. Ce sont des personnes qui ont besoin d’être accueillies, qu’on ne peut pas laisser mourir dans la montagne" explique-t-il notamment sur RCF.
Face à cela, constate-t-il, "on a un État qui est défaillant". "Il ne joue que la répression, le harcèlement contre ceux qui sont solidaires. La meilleure preuve, c’est fin octobre, lorsqu’il y a eu le plus gros de la crise migratoire ici, avec de gros passages, Médecins Sans Frontières a donné une tente de secours, à Briançon. La dernière fois que cette tente a été posée, c’était en Haïti, au moment du séisme. Tout un symbole qui montre que l’État ne joue pas son rôle en réalité" ajoute Xavier Malle.
La question migratoire est un sujet qui s’est très largement invité au cœur de la campagne électorale pour l’élection présidentielle. "Cette campagne électorale est difficile pour tout le monde, y compris pour les politiques. Le danger c’est de faire monter les extrêmes, par rapport à ça. Moi-même, je fais attention à doser mes interventions. Quand on est à Briançon, on comprend que cet accueil doit être inconditionnel. On ne peut pas laisser les gens mourir dans la montagne. Mais quand on est confortablement chez soi, on se dit que ce n’est pas possible d’accueillir tout le monde. Il ne s’agit pas d’accueillir tout le monde, mais ceux qui passent par nos montagnes. On peut comprendre cette prudence, mais par moment il faut être un peu courageux" lance l’évêque de Gap et d’Embrun.
Autre sujet d’importance dans les Hautes-Alpes, la question de la colère sociale. Le département est rural, assez enclavé. Avec les convois de la liberté, on a pensé un temps que le mouvement des Gilets jaunes allait renaître de ses cendres. Cette colère sociale, qui se fait plus vive après la crise sanitaire, et à l’approche de l’élection présidentielle, l’évêque de Gap et d’Embrun la constate régulièrement. "Chacun fait le gros dos et avance. Mais les politiques ne pourront pas ne pas prendre en compte cette problématique-là" lance-t-il sur RCF.
Pour tenir bon, il y a évidemment la foi. "Nous sommes dans un département de montagne, où les gens ont gardé une foi assez vive" précise Mgr Xavier Malle. "Il y a des chrétiens non pratiquants qui sont de vrais chrétiens, qui croient vraiment en Dieu de Jésus Christ. Ils savent le prix de la vie. C’est difficile de vivre dans les montagnes. Le climat est difficile. Le travail est difficile. Ce sont des gens très courageux qui mettent leur confiance en Dieu. Ce sont des gens très accueillants, mais aussi très travailleurs. Je suis admiratif devant mes diocésains" confie-t-il également.
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