Le gouvernement a-t-il sous-estimé les risques de violences et de destructions sur les Champs-Elysées, samedi dernier, à l'occasion de l'acte XVIII des Gilets jaunes ? C'est ce qu'estime aujourd'hui l'opposition. Cet "acte XVIII" était présenté comme un "ultimatum" lancé à Emmanuel Macron, au moment où prenait officiellement fin le Grand débat national.
Et Paris a été le théâtre de scènes très violentes. De nombreuses dégradations ont eu lieu sur l'avenue des Champs-Elysées : des boutiques, une banque, un immeuble ont été incendiés et au total, 200 personnes ont été placées en garde à vue. Depuis samedi, l'organisation stratégique des forces de l'ordre est pointée du doigt. Pour Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police-FO, il n'y a pas eu défaillances des forces de l'ordre mais défaillance du commandement.
D'autres estiment, au contraire, que la réponse policière a été proportionnée et a répondu à l'objectif d'un tel dispositif : n'avoir aucun mort. C'est le point de vue de Sebastian Roché, directeur de recherches au CNRS, et auteur de "De la police en démocratie" aux éditions Grasset.
Face aux critiques, le gouvernement a décidé de durcir le ton. Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé lundi un renforcement des conditions de manifestation afin d'en finir avec les violences. A partir de samedi, il sera interdit de manifester dans certains lieux, en cas de présence d'ultras.
Sont concernés évidemment les Champs-Elysées à Paris, mais aussi la place Pey-Berland à Bordeaux, ainsi que la place du Capitole à Toulouse. Le Premier ministre a également déploré les consignes "inappropriées" données aux forces de l'ordre pour "réduire l'usage" des lanceurs de balle de défense. Edouard Philippe a donc annoncé un commandement unifié des forces de l'ordre et l'utilisation de moyens nouveaux.
Edouard Philippe a également annoncé le remplacement du préfet de police de Paris, Michel Delpuech, par Didier Lallement, l'actuel préfet de la région Nouvelle-Aquitaine. Malgré ces mesures, les interrogations demeurent quant à la capacité du gouvernement de stopper les saccages des casseurs et des ultras.
Clairement, ce sont l’autorité du chef de l’Etat et l’efficacité des pouvoirs publics qui sont remis en cause depuis samedi. Le chef de file des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau, a dénoncé la responsabilité du président de la République dans cette affaire. Il a également estimé qu'à Notre-Dame-des-Landes est née "l'idée implicite qu'on pouvait obtenir gain de cause par la violence". Idée d'ailleurs défendue ouvertement par certains gilets jaunes. Pour Sébastian Roché, directeur de recherches au CNRS, et auteur de "De la police en démocratie" aux éditions Grasset, estime que c'est la faute du gouvernement qui a choisi d'instaurer un rapport de force.
Mais pour Sébastian Roché, il ne faut pas y lire une remise en cause de l'autorité… Au contraire.
Reste à voir maintenant si la stratégie clairement offensive du gouvernement sera payante samedi prochain. Avec un risque qu'il y ait des affrontements violents et de potentiels blessés des deux côtés. Un risque qu'Emmanuel Macron et Édouard Philippe –visiblement - semblent prêts à prendre. Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police-FO, s'inquiète lui aussi de cet acte XIX.
De nouveaux appels à se mobiliser ce week-end ont été lancés. Notamment à Nice. Christian Estrosi, le maire de la ville, a demandé au gouvernement d'interdire tout rassemblement de Gilets jaunes dans sa ville, à cette occasion.
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