Le cardinal Barbarin n’a pas été démis de sa mission. Le pape François a refusé la démission du Primat des Gaules, après que ce dernier ait été condamné par le tribunal correctionnel de Lyon à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’actes pédophiles sur mineurs. Au nom de la présomption d’innocence, le pape a souhaité maintenir l’archevêque de Lyon en place. Ce dernier a toutefois souhaité s’écarter des affaires courantes du diocèse, pendant "quelque temps".
"Comme il y a un appel qui est en cours, le pape attend la fin et la décision de cet appel. Il ne peut pas demander la démission du cardinal Barbarin tant qu’il n’est pas sûr qu’il soit effectivement condamné. On peut comprendre que cela provoque une grande émotion, mais l’appel est en cours. S’il n’avait pas fait appel, la condamnation était actée, et le pape aurait probablement accepté la démission" explique Pierre de Charentenay, prêtre jésuite, ancien directeur de la revue Etudes, fin connaisseur du Vatican, peu étonné de la décision du souverain pontife.
"L’affaire est très confuse depuis le début. C’est même un peu ubuesque. Le cardinal Barbarin est condamné pour ne pas avoir dénoncé un prêtre qui n’est pas encore jugé. On a un timing de la justice tout à fait étrange, et on en voit les effets. La justice met du temps, et le pape ne peut pas accélérer le processus, et décider sur quelque chose qui n’est pas encore jugé en France. On peut comprendre que les gens s’interrogent. Le pape est une personne de décision. Mais s’il ne le fait pas, c’est qu’il ne peut pas le faire" ajoute-t-il.
La Conférence des Evêques de France s’est étonnée de la situation inédite du cardinal Barbarin. "Je suis étonné de la réaction de cette Conférence. Ils prennent acte que c’est une situation complexe : le cardinal Barbarin devrait rester à son poste, et pourtant il se met en retrait. C’est étonnant. Le cardinal Barbarin s’est mis en retrait car il sent bien que tout cela est difficile à vivre dans son diocèse" lance Pierre de Charentenay.
François Devaux, l’une des victimes du père Preynat, et l’un des fondateurs de La Parole Libérée, a expliqué que "le problème ce n’est pas la pédophilie, mais la sacralisation du pouvoir dans l’Eglise". Pour Pierre de Charentenay, "on peut discuter de cela, mais c’est un autre sujet. Il y a un problème général de cléricalisme, de protection de la hiérarchie, mais il ne faut pas mélanger les deux choses. On ne laisse pas les victimes sur la touche. Je comprends que cela soit difficile à accepter, mais ce n’est pas une décision sur l’ordre de l’émotion".
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