Petit rappel des faits. Le 1er mai dernier, Alexandre Benalla, alors aux côtés des forces de l’ordre, a été filmé en train de frapper un manifestant lors du défilé syndical de la fête du travail. Un fait qui visiblement outrepassait ses compétences de conseiller du président de la République. La justice l’a d’ailleurs mis en examen pour "violences en réunion". Après l’Assemblée nationale avant l’été, c’est donc au tour du Sénat d’avoir constitué une commission d’enquête parlementaire.
Ces derniers jours, l'exécutif a cherché à politiser l'audition de Benalla laissant même entendre qu'elle était illégale et visait à affaiblir le chef de l’Etat. Au coup de fil d’Emmanuel Macron à Gérard Larcher, président du Sénat, et aux mises en garde de Christophe Castaner, Benjamin Grivaux et Nicole Belloubet, il faut ajouter l’annonce par les trois sénateurs de La République En Marche, membres de la commission, de boycotter l'audition.
S’ils ne remettent pas en cause sa mission destinée à mieux comprendre le fonctionnement du cabinet de l'Elysée, ils estiment qu’auditionner Alexandre Benalla, n’aura aucune utilité dans cette optique. Ce qui laisse penser à une certaine forme de crainte, au sein de l'exécutif.
A contrario, le co-rapporteur PS de la commission, Jean-Pierre Sueur, justifie la décision d'entendre Alexandre Benalla au regard des "contradictions" apparues, selon lui, lors des précédentes auditions. Le sénateur du Loiret renvoie le gouvernement au nécessaire respect du sacro-saint principe républicain de la séparation des pouvoirs, tant entre le législatif et le judiciaire, qu’entre l'exécutif et le législatif.
Du côté des Républicains, on insiste sur le fait, qu’indépendamment de ce qui relève stricto sensu de la justice, beaucoup de questions sur le fonctionnement de l'Etat sont à poser. A droite, comme à gauche, on rappelle que le président Macron s’est notamment fait élire sur la promesse d’un Etat exemplaire. Pour Jean-Christophe, Picard, président d’Anticor, association de lutte contre la corruption, le bilan dans ce domaine est, jusqu’ici, très décevant.
Outre le rapport que publiera probablement la commission d’enquête du Sénat à l’issue de ses auditions, il devrait y avoir un avant et un après l'Affaire Benalla. Le porte-parole du gouvernement a d’ores et déjà fait savoir que toutes les leçons seront tirées des dysfonctionnements apparus au plus haut sommet de l’Etat. D’ailleurs on attend dans les jours prochains l’annonce d’un nouvel organigramme à l'Elysée et une réforme de son organisation.
Une fois que les sénateurs auront terminé leur série d’audition, ils remettront leurs conclusions. Selon un sondage IFOP, 76% des Français interrogés approuvent l'audition de l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron par la commission sénatoriale.
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