La semaine dernière, l'armée afghane et les talibans se sont affrontés dans la ville de Ghazni, au Sud de Kaboul. Et mercredi 15 août dernier, un attentat suicide dans une école en plein coeur de la capitale afghane a fait une cinquantaine de victimes. âA deux mois des prochaines élections législatives prévues pour octobre prochain, l’Afghanistan connait donc un regain de violences.
"C’est récurent depuis 17 ans. Les forces afghanes s’arque-boutent sur cette volonté de garder la main sur une large partie du territoire. Un peu plus de 30% du territoire échappent à tout contrôle. On sait que la zone frontalière afghano-pakistanaise est très poreuse. Elle est sujette à des passages en force de compagnies de combat. C’est un constat qui se répète et qui ne doit pas faire oublier que de beaux progrès ont été faits" explique Pascal Le Pautremat, géopolitologue et officier de réserve.
"Il s’agit de toucher de grandes villes provinciales, et à travers ces villes, les symboles des pouvoirs : les bases, les écoles militaires, les centres universitaires, les postes de police. Il s’agit de jouer la carte de la guerre psychologique, de dire qu’on est capable de frapper partout, qu’on est présent. On est capable de maintenir la pression face aux forces gouvernementales et de mettre à mal l’autorité de l’Etat afghan. On ne doit pas non plus occulter qu’il y a des dissensions très fermes au sein des talibans. Il y a des talibans qui sont pour un partenariat avec l’Etat islamique et d’autres qui veulent procéder à des alliances potentielles avec l’Etat afghan" ajoute Pascal Le Pautremat.
Dans le même temps, les Etats-Unis ont lancé des discussions avec les talibans. "Ces négociations sont toutes nouvelles. Jusqu’à maintenant, ils étaient plutôt dans une démarche unilatéraliste et axée sur l’action militaire. On va voir ce qui en sortira, mais à l’évidence, si on veut trouver un terrain d’entente, cela passera par les négociations" lance encore ce spécialiste du conflit afghan.
Du côté de l’armée afghane, Pascal Le Pautremat estime qu’il "faut encore continuer à l’entraîner, à la former, à l’équiper. Ils font un beau travail mais la tâche est rude, immense à l’échelle du pays. Il s’agit aussi d’avoir une armée qui soit incarnée, motivée, et déterminée. C’est un travail de très longue haleine. La notion d’investissement personnel est une notion générique, que l’on retrouve dans tous les pays. C’est une tâche rude qui doit susciter beaucoup de respect pour des hommes qui coûte que coûte essaient que leur pays ne bascule pas dans un chaos irrémédiable".
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