A l’appel des deux syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs, plus de 1.000 tracteurs doivent bloquer les accès routiers vers Paris et Lyon. Certains sont en route, d’autres déjà en place. Et parmi les revendications qui occupent le haut de l’affiche depuis plusieurs mois se trouve la fin de l'agribashing.
Cet anglicisme désigne en fait le dénigrement systématique dont les agriculteurs se disent être victimes. Traduit mot à mot, le terme peut aussi signifier "mettre une raclée". Et c’est parfois le cas. En septembre dernier, un homme a écopé d’une amende de 3.000 € pour avoir agressé un agriculteur qui épandait un herbicide en Charente-Maritime. Un autre dans l’Ain a été condamné fin août pour avoir blessé un céréalier à l’oreille. La semaine dernière, les agriculteurs de la Drôme se sont inquiétés en voyant quatre bâtiments agricoles incendiés en l’espace de 48 heures.
Après les nombreuses manifestations des agriculteurs dénonçant ces actes, les gouvernement a répondu en lançant le 5 novembre dernier, la cellule Demeter. Cette nouvelle cellule doit instaurer un processus de travail pour identifier les modes opératoires et les agresseurs mais aussi faire de la prévention au niveau local avec des correspondant sûreté. Cette annonce a été accueilli plutôt favorablement par les syndicats.
Mais derrière ces actes unanimement condamnables, la profession veut aussi mettre en avant son malaise face à une société qui lui en demande trop et qui se montre trop critique. C’est là que cette notion d’agribashing se transforme en question de société. Les agriculteurs dénoncent une méconnaissance de leur métier. De leur côté, certaines associations écologiques notamment reprochent aux syndicats agricoles d’utiliser ce terme pour empêcher tout débat public sur les pesticides, les abattoirs, où encore les élevages de masses.
Le paradoxe de cette situation c’est qu’il apparaît dans les sondages que les Français ont une bonne opinion de leur agriculteurs. Selon le sondage Ifop publié en février dernier, 74% des Français pensent que les consommateurs peuvent avoir confiance dans les agriculteurs et 68% des Français les trouvent “modernes”… Des chiffres en progression pour les agriculteurs. Alors que ceux-ci dénoncent leur mal être à chaque manifestation. A noter qu'en plus de l’agribashing, les agriculteurs manifestent aujourd’hui pour s’opposer aux traités de libre échange type CETA ou encore pour demander le respect de la loi Egalim censée rééquilibrer les relations commerciales entre paysans, industriels et distributeurs.
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