Dafna Mouchenik est directrice d’un service d’aide à domicile à Paris. Elle est l’auteur de "Derrière vos portes : coulisses d’un service à domicile" (éd. Michalon) et plus récemment, de "Première ligne : journal d’un service d’aide à domicile pendant le confinement" (éd. Fauve). Un dernier livre dans lequel elle revient sur l’action des équipes d’aide à domicile durant le confinement. "Plus qu’un hommage, c’était une nécessité de porter la lumière sur toute l’action remarquable que les professionnels du domicile ont porté durant cette terrible tempête" explique-t-elle.
Ces hommes, et surtout ces femmes, ont pour mission de prendre soin des plus fragiles, de pallier à la réalisation des tâches de la vie quotidienne quant les personnes dont ils s’occupent ne peuvent plus le faire. "Elles sont là pour assurer les fondamentaux. Aider une personne à se lever, à prendre sa douche, s’habiller, à prendre son petit-déjeuner, à faire les courses, à préparer un repas, à prendre un repas. Il faut imaginer pour soi si l’on ne pouvait plus réaliser seul ce qui nous semble si simple et si naturel" ajoute Dafna Mouchenik.
Durant le confinement, une mission s’est ajoutée à toutes les autres : le lien social. "Elles sont souvent la seule visite dans la journée. Mais durant le confinement, quand les familles ne pouvaient pas voir leurs proches, elles ont été le seul lien quotidien avec les personnes les plus fragiles vivant chez elles. Et elles sont nombreuses" précise la directrice de ce service d’aide à domicile. Bref, un métier d’engagement, s’il était nécessaire de le préciser.
Dans son livre, Dafna Mouchenik livre une impressionnante description de la réalité de ce métier. "C’est très fragmenté, il faut courir d’un domicile à l’autre. Il faut s’adapter. Et le modèle économique des services d’aide à domicile, et tout ce qui permet de financer la prise en charge de l’aide à domicile via nos départements repose sur un système qui ne fonctionne plus aujourd’hui et qui maltraite les professionnels du secteur" rappelle-t-elle.
Cette dernière explique que s’il faut bien entendu prendre soin des personnes fragiles dont on a la charge, il faut également prendre soin de ceux et celles qui s’engagent au quotidien pour alléger les difficultés de ces personnes. "Dans mon service, j’ai décidé de ne travailler que sur Paris et mon service a atteint une taille qui permet aux auxiliaires de vie d’être sectorisées sans courir dans tous les sens, de leur proposer suffisamment d’interventions pour qu’elles aient une journée de travail complète. On propose des CDI même si le temps plein est encore complexe. Il y a aussi le levier de la formation" lance-t-elle.
Empathie, bienveillance, anticipation. Autant de qualités nécessaires pour exercer ce métier. "Quand on se met à la place de l’autre, on arrive à trouver plein d’explications, de circonstances atténuantes, qui permettent de bien faire les choses" rappelle Dafna Mouchenik. Même si en période de confinement, les choses n’ont pas forcément été des plus simples pour le secteur de l’aide à domicile.
Cette période fait l’objet du dernier livre de Dafna Mouchenik. Elle y explique les aides à domicile arrêtées par la police en pleine rue. Elle y regrette les mensonges des pouvoirs publics. Elle y dénonce également une forme d’abandon du gouvernement pour un secteur qui ne pouvait pas se payer le luxe de s’arrêter. Pas pour des raisons économiques de prime abord, mais au nom de toutes les personnes vulnérables dont il a la lourde charge quotidienne.
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