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Air Cocaïne: pour Christophe Naudin, "la justice française s'est montrée solidaire de la République dominicaine"
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Air Cocaïne: pour Christophe Naudin, "la justice française s'est montrée solidaire de la République dominicaine"

RCF,  -  Modifié le 7 juin 2021
L'Invité de la Matinale Air Cocaïne: pour Christophe Naudin, "la justice française s'est montrée solidaire de la République dominicaine"
L’affaire Air Cocaïne avec ses 680 kilos de poudre blanche découverts dans un jet à Punta Cana revient devant la justice, pour le procès en appel des pilotes, et de quatre autres accusés.
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Christophe Naudin, auteur de "Air Cocaïne, les dessous d’une mystification" (éd. de l’Archipel), l’homme qui a permis de faire évader de République dominicaine les deux pilotes de ligne, après avoir lui-même été arrêté et extradé vers Punta Cana dans des conditions parfois insoutenables.

Un déni de justice absolu

"Par le passé, j’avais audité la République dominicaine, ses aéroports, puisque le président de la République de l’époque m’avait demandé de voir comment on pouvait diminuer le trafic de stupéfiants sur l’île. J’avais fait un certain nombre de constats, comme le très haut niveau de corruption sur les aéroports dominicains. Je suis finalement sollicité par l’équipe de la défense de ses quatre Français, et notamment des deux pilotes pour leur faire part de leur expertise, et être témoin de la défense" explique-t-il.

"Pendant trois ans, nous avons suivi le processus judiciaire dominicain, en faisant à peu près confiance. On s’est aperçu qu’il y avait un déni de justice absolu. Ils ont été condamnés à la peine la plus lourde, on ne sait pas trop pourquoi. Un groupe de personnes m’a finalement sollicité, notamment Aymeric Chauprade, pour exfiltrer ces deux personnes afin qu’elles ne soient pas victimes d’un déni de justice, après avoir passé 1.000 jours en prison en République dominicaine" ajoute-t-il.
 

L'un des pires narco-Etats de la planète

Dans cette affaire, et Christophe Naudin revient sur ce point dans son livre, se pose la question de la drogue. Personne, d’après lui, n’en a jamais vraiment vu la couleur. C’est presque comme si la poudre n’avait finalement jamais existé. "La République dominicaine utilise les saisies qu’elle fait pour faire plusieurs coups et dire qu’elle lutte activement contre le trafic de stupéfiants. En réalité elle en vit. C’est un narco-Etat, l’un des pires de la planète" lance ce spécialiste de la sûreté aérienne.

"On les a ramenés pour qu’ils se présentent à la justice française. Et la justice française a réagi en pleine solidarité avec la justice dominicaine. Cela n’avait pas de sens. Ils se déclarent à la disposition de la justice. La juge d’instruction les fait arrêter au prétexte qu’ils causent un trouble à l’ordre public. On a vécu un premier procès hallucinant dans lequel on a démontré que toutes les pièces qui venaient de République dominicaine étaient plus que douteuses. On a eu l’impression que par corporatisme, les magistrats français n’ont pas osé donner tort à la République dominicaine" précise Christophe Naudin.
 

"Le droit international n'est jamais appliqué"

Après l’évasion des quatre Français, Christophe Naudin rentre dans l’Hexagone et mène sa vie. Durant un voyage en Egypte, il est arrêté et incarcéré immédiatement malgré onze anomalies dans l’ensemble de la procédure. "Mon avocat est menacé. Je ne connaîtrai jamais la nature des accusations portée contre moi pendant 20 mois. En Egypte on m’accusait de trafic de migrants et de trafic d’êtres humains. Je pensais que mon pays, devant des accusations aussi stupides, m’appuierai et exigerai immédiatement ma libération. En réalité, le droit international n’est jamais appliqué" lance-t-il.

De là s’en suit un véritable calvaire dans les prisons dominicaines. "L’administration pénitentiaire dominicaine organise des pénuries d’eau. J’en ai vécu deux : une de 20 jours et une de 30 jours. On se sent devenir fou, on s’en aperçoit. J’ai un peu de mal à comprendre que les organisations internationales qui se prévalent de la défense des droits élémentaires de l’humanité ne gèrent pas ce genre de choses. La soif, c’est ce qu’il y a de pire" lance-t-il. Il finira finalement par être renvoyé en France au bout de deux ans. Malgré cette détention qu'il juge arbitaire, Christophe Naudin estime que "ça vallait le coup. La liberté ne vaut que si elle est défendue".

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