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​Albert Camus, un éveilleur de conscience pour les médias d'aujourd'hui

RCF,  - Modifié le 3 juillet 2019
Les vacances arrivent, l’année se termine. Retour sur l’actualité des médias à la lumière d’un des plus grands journalistes français, Albert Camus.

De Camus, on connait l’œuvre littéraire et philosophique. On connait moins son travail de journaliste. Et pourtant, de ses années de reporter à ses éditos dans Combat, il reste l’un des modèles du journalisme au XXème siècle. A l’heure de la crise des médias, des réseaux sociaux et des fake news, il y a peut être urgence à relire son œuvre.
 

Un modèle pour les journalistes

"Il reste encore un modèle. Dans l’imaginaire des jeunes journalistes, il y a cette image qui reste très attachée à la fonction d’éditorialiste. C’est pour cette raison que j’ai souhaité élargir et faire connaître cet autre Camus, reporter et journaliste d’investigation. Camus éclaire notre présent avec des écrits d’une grande qualité" explique Maria Santos-Sainz, maître de conférences à l’Institut de journalisme de l’Université de Bordeaux-Montaigne, auteur de "Albert Camus, reporter, journaliste à Alger, éditorialiste à Paris" (éd. de l’Apogée).

Ayant débuté sa carrière à 25 ans, Albert Camus a d’abord travaillé à Alger, dans un journal indépendant, Alger Républicain. Il a commencé avec des faits divers tournés en chronique sociale par la suite. Il est ensuite devenu chroniqueur judiciaire, a effectué des reportages dans des régions très éloignées, mais aussi des chroniques littéraires, et des enquêtes d’investigation.
 

Donner la parole aux sans-voix

"Albert Camus a un sens journalistique très fort : rendre justice et donner la voix aux sans voix. Dans Misères de la Kabylie, il décide de se rendre dans un lieu éloigné où règne une misère effroyable, pour informer les citoyens de cette réalité injuste. Sur place, il fait un journalisme de terrain, d’éclaircir cette situation misérable. Il montre les bas-salaires des ouvriers agricoles, la pauvreté, la famine, avec un journalisme très précis, qui décrit, qui confronte. C’est pour cela qu’il reste un modèle de journalisme aujourd’hui déserté par la plupart des médias" ajoute Maria Santos-Sainz.

Cette dernière explique qu’Albert Camus a été un véritable précurseur en matière de déontologie journalistique. "Il y a beaucoup de réflexions. Il a construit une théorie critique du journalisme. Il dénonçait déjà les dérapages sensationnalistes, les fausses informations, que l’on appelle aujourd’hui les fake news. Le journalisme doit mener un combat pour l’indépendance, encore quelque chose d’actuel. Il défend les droits des citoyens au savoir, à l’information. Il défend un journalisme de qualité, où la place du lecteur est centrale, un journalisme dans lequel la recherche de la vérité devient une obsession" conclut-elle.

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