Le sujet n’est pas nouveau mais il revient sur le devant de la scène à l’occasion d’une demande faite à la mairie d’Angers par le collectif angevin interquartier 49, composé d’habitants issus de l’immigration, qui voit d’un mauvais œil, ces noms qui renvoient, selon lui, à un « passé peu glorieux de la France » .
Parmi les noms ciblés, celui du maréchal Lyautey pose problème, connu pour avoir colonisé le Maroc pour le compte de la France à partir de 1912. Il a son boulevard à Angers et pour Djamel Blanchard, un des porte-voix du collectif interquartiers 49, ce nom à une portée symbolique qui est « vexante ou outrageante » pour certaines catégories de population.
« Lyautey a réussi à conquérir le Maroc en divisant les tribus marocaines et lors d’une rébellion contre le sultan, il s’est chargé de la réprimer de manière sanglante. Ce sont les livres d’Histoire qui nous l’apprennent. Nous savons qu’il a massacré les résistants du massif de Béni-Snassen. Nous trouvons gênant de se dire qu’il existe des familles, des amis, qui vivent dans ces quartiers là et qui sont obligés de supporter des noms de rues d’anciens génocidaires » Djamel Blanchard
Une polémique qui n’est pas récente et qui revient régulièrement au cours de l‘Histoire contemporaine depuis la seconde guerre mondiale.
Pour l’historien Christophe Carichon, enseignant dans un lycée de la banlieue angevine, c’est le débat récurrent entre Histoire et mémoire mais qui, selon lui, n’a pas lieu d’être concernant le maréchal Lyautey.
« Ce que je sais, c’est que le maréchal Lyautey a une excellente image au Maroc. Le Lycée Lyautey, lycée français de Casablanca, existe toujours, ainsi que sa statue équestre. Les marocains n’ont eu aucune velléité de débaptiser leur lycée et de ne pas reconnaitre ce que la monarchie chérifienne et le Maroc moderne doivent au maréchal Lyautey. S’il y en a un qui me parait le moins attaquable, c’est certainement Hubert Lyautey, à la différence d’autres officiers coloniaux qui ont pu en effet se salir les mains » Christophe Carichon
Le collectif interquartier 49 n’a pas eu de réponse pour l'instant à sa demande de la part de la mairie d’Angers.
Faut-il débaptiser les noms de rues, de places et autres bâtiments publics dont les noms renvoient au passé colonial de la France ? Si oui, quelle conséquence pour l’unité d’une nation par delà ses différences. Le débat est loin d'être clos...
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