Dimanche, les Sénégalais sont appelés aux urnes pour élire leurs députés. Une campagne très tendue qui voit s'affronter le parti de l'actuel président Macky Sall, celui de l'ancien président du Sénégal, Abdoulaye Wade et celui du maire de Dakar Khalifa Sall.
La première question que l’on se pose lorsqu’on regarde ces élections législatives au Sénégal, c’est le nombre de listes. C’est un record, il y en a 47 pour seulement 165 sièges à l’Assemblée. "Il y a toujours un risque d’abstention très importante. Il y a beaucoup trop de listes pour un pays de 14 millions d’habitants, mais en même temps cela montre l’intérêt, du moins à Dakar, des jeunes Sénégalais à vouloir s’engager en politique" explique Antoine Glazer, journaliste, écrivain et spécialiste de l'Afrique
L’autre question, plus pragmatique, qui se pose, c’est sur le risque pour Macky Sall de perdre sa majorité à l’Assemblée. "C’est vrai que ce n’est pas gagné d’avance même s’il contrôle totalement l’appareil et même s’il a bien déminé le terrain sur le plan des polémiques. Cela dit, il est confronté d’un côté à son ancien mentor, Abdoulaye Wade, qui a 91 ans et un certain nombre de supporters et surtout à Khalifa Sall, le maire de Dakar actuellement en prison" ajout-t-il.
Le parti au pouvoir en place a toujours les capacités de frauder
Ce dernier est emprisonné pour détournement de fonds. On pourrait donc imaginer que cela ait un effet désastreux sur son électorat. Pour Antoine Glaser, "ce n’est pas le point de vue de la rue au Sénégal. Il est emprisonné pour détournement de deniers publics de 2,7 millions d’euros, il a utilisé la caisse de la mairie mais dans un pays où il y a de la corruption dans tous les partis politiques, cela joue en sa faveur. Le fait qu’il soit en prison le fait passer pour un martyr politique".
Ces élections législatives pourraient être entachées de fraude. "Dans tous les pays africains, il est toujours difficile de faire la part des choses entre la mauvaise préparation d’une élection et les fraudes. Le parti au pouvoir a toujours plus de capacités de frauder car il a tous les moyens de l’Etat à sa disposition" précise le journaliste.
Malgré tout cela, le Sénégal a toujours été représenté comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, et cette image n’est pas en train de changer.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !