Il y a eu un gros buzz cette semaine, et pour une fois, un buzz qui fait du bien. Le film « apprendre à t’aimer » de Stéphanie Pillonca diffusée sur M6 a enlacé 4 millions de personnes. Un record, selon la chaîne. Depuis, les réseaux sociaux bourdonnent de compliments, même la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, a tweeté sa joie devant ce succès. C’est l’histoire d’un couple sympa, épanoui, amoureux qui découvre au moment de la naissance de leur premier bébé, la petite Sarah, qu’elle est porteuse de trisomie 21. Le ciel leur tombe sur la tête, Franck, le père est sonné. A la fois révolté et pétrifié, il devient un étranger dans sa propre vie. Cécile, la maman, comprend vite qu’elle n’a d’autre choix que de faire face, et malgré ses inquiétudes, son courage éblouit et l’attachement qui la lie déjà à son enfant se fortifie.
Ce film fait du bien car il est sans faux-semblants. Il montre les bleus, les larmes, le vase de la vie rêvée qui se brise, l’image de la famille parfaite qui s’envole. Je crois que si ce film rencontre un tel écho, ce n’est pas seulement parce qu’il est admirablement joué, mais c’est parce qu’il sonne juste et vient résonner sur des cordes de notre commune humanité. Il montre que chacun accueille les événements à son propre rythme, que le temps des uns n’est pas le temps des autres, il montre la peur face à la fragilité et à la différence, il montre que l’amour ne va pas toujours de soi. Mais il montre aussi la part de volonté qu’on peut mettre pour surmonter une épreuve. Cette décision d’apprendre à aimer. A un moment, le papa décide de passer du temps avec sa fille, alors la tendresse et le rire s’invitent, et des écailles commencent à lui tomber du cœur et des yeux. Et là, l’acteur nous embarque avec lui. Il s’opère dans ce père une véritable conversion intérieure.
Plus largement, c’est évidemment l’image de l’urgente transformation que doit opérer aussi notre société. L’accueil de la vulnérabilité et du handicap concerne tout le monde, c’est fondamentalement un projet de société. On voit petit à petit Franck qui réinvestit sa vie. On pourrait dire qu’il choisit sa fille et en même temps il rechoisit sa vie. Et ça marche. A partir de là, toute la force et la joie qu’il portait en lui se déploient. Le vase de leur famille se reconstruit. Ça nous arrive à tous parfois de sentir, comme ce père, que nous devons apprendre à aimer et à aimer notre vie, surtout quand il nous tombe dessus un difficile imprévu. C’est peut-être en choisissant aussi ce que nous n’avons pas choisi que nous réveillons nos forces de vie.
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