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Après le remaniement, quelle politique de jeunesse ?
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Après le remaniement, quelle politique de jeunesse ?

RCF,  -  Modifié le 17 octobre 2018
François Mandil propose son éditorial au lendemain du remaniement du gouvernement.
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Emmanuel Macron disait hier, « ni tournant, ni changement de cap ». C’est sûr que ça ne ressemblait pas à un grand soir, il n’y a pas eu de grands changements révolutionnaires. Rien ne laisse supposer par exemple qu’on prenne le chemin de la conversion écologique, qui est pourtant indispensable. Ceci dit, il y a quand même quelques signes envoyés qui sont instructifs, notamment dans le cadre des politiques jeunesses.

Si on revient un peu en arrière, le ministère de la jeunesse et des sports a disparu au moment de la création du premier gouvernement d’Edouard Philippe. Les sports avaient leur propre ministère, ils l’ont toujours, et la jeunesse était intégrée au ministère de l’Education Nationale, avec Jean-Michel Blanquer. C’était une perspective intéressante puisque avoir dans un même ministère le monde scolaire et le monde de l’éducation populaire de jeunesse peut permettre d’avoir des politiques plus transversales, qui associent mieux tous les acteurs.

Mais Jean-Michel Blanquer n’avait pas l’intitulé jeunesse, il avait en charge cette politique mais ce n’était pas dans son intitulé, or, ça a changé hier ! Désormais, Jean-Michel Blanquer n’est plus seulement ministre de l’éducation nationale, il est ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. Ça a l’air de rien, mais c’est important. Allez, ce qui aurait pu être parfait, c’est qu’il y ait aussi « éducation populaire » dans l’intitulé, puisque l’éducation, c’est tout au long de la vie, pas seulement quand on est jeune, mais c’est déjà ça, et reconnaissons au ministre la volonté de s’emparer de ce sujet dont il n’était pas familier à l’origine.

Et il a désormais un secrétaire d’Etat qui lui est rattaché. Il est vrai que le périmètre de ce ministère est vaste et un secrétaire d’Etat se justifie. C’était une demande de Jean-Michel Blanquer. Il s’appelle donc Gabriel Attal. Pour le coup, on a un peu l’impression que sa nomination est surtout une façon de le remercier pour son empressement médiatique à défendre le président de la République qu’une reconnaissance de sa maîtrise des dossiers puisqu’on ne l’a jamais entendu sur ce sujet. Nous verrons concrètement.

Notre inquiétude vient aussi du fait qu’il est présenté comme le secrétaire d’Etat en charge de la mise en place du SNU, du service national universel. Alors, vous savez comme nous sommes nombreux, dans le champ de l’éducation populaire et de la jeunesse, à être pour le moins dubitatif sur l’intérêt de ce SNU. Surtout, nous ne voudrions pas que le SNU soit l’alpha et l’omega de la politique jeunesse du gouvernement. Une politique jeunesse, c’est une politique qui encourage l’accès à l’emploi des jeunes (25% de taux de chômage chez les 18-25 ans, je vous rappelle), qui facilite l’accès aux droits, à la culture, au logement. C’est une politique qui permette que les jeunes générations puissent avoir un monde avec un climat pas trop déréglé, dans lequel vivre pendant encore quelques années. C’est une politique qui lutte contre les discriminations spatiales, sociales, raciales dont souffrent trop de jeunes.

Bien sûr, il faut favoriser l’engagement des jeunes, mais si on veut qu’ils s’engagent, il faut qu’ils en aient les moyens, donc qu’ils aient un emploi, un logement, qu’ils puissent faire leurs études sans avoir à multiplier les petits boulots. Il faut qu’ils soient en bonne santé. C’est tout ça une politique de jeunesse. Et si le nouveau secrétaire d’Etat ne sert qu’à imposer le SNU, ce serait tout sauf une politique de jeunesse.

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