A l’occasion des Journées européennes de l’archéologie le 15 et 16 juin, le chantier de fouilles sur le site de l’ancien hôpital de l’Hotel Dieu ouvre ses portes au public à Rennes. Les archéologues y ont trouvé des vestiges d’un sanctuaire, de résidences mais surtout d’une grande nécropole de 600 tombes.
“Ici, on touche à l’histoire de la ville de Rennes.” Les fouilles de l’équipe d’archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) dont Romuald Ferrette est à la tête, révèlent le passé, à l’époque de l’Antiquité où Rennes était encore Condate. Sur ce chantier de l’ancien Hôpital de l’Hôtel Dieu, l’histoire commence à se dessiner au fur et à mesure que les recherches progressent. Tout commence avec un sanctuaire et un quartier résidentiel au Ier et IIIe siècle après Jésus-Christ : “Il nous reste quelques murs correspondant à un probable temple qui conclut sur une cour où on a retrouvé très peu de vestiges archéologiques. Donc c’était un espace vide destiné à accueillir une foule en masse lors de cérémonies religieuses par exemple”, explique Romuald Ferrette.
Les chercheurs ont notamment découvert que ce premier sanctuaire qui apparaît dès l’époque augustéenne, était fait en bois. “On a retrouvé des traces lors de la première tranche de fouilles en 2016-2017 et notamment en 2022 de poteaux de bois qui encerclaient la cour sacrée.” Un matériau assez étonnant, mais le responsable des recherches a trouvé une explication : “À cette époque, le bassin rennais étant pauvre en matériaux de construction notamment en pierre, on démonte les bâtiments qui deviennent inutiles et on récupère dans ce cas-là le mur jusqu’à sa base”, montre-t-il.
“On a pu étudier une partie d’un quartier urbain de Condate depuis le début de notre ère et après sa disparition au profit d’une grande nécropole qui va se développer jusq’au VIIIe siècle après Jésus-Christ.” Au fur et à mesure de l’avancée sur le chantier, Romuald Ferrette, responsable des recherches se positionne devant deux tombes où deux squelettes sont visibles. Cette nécropole est la plus grande de Bretagne avec 600 tombes trouvées.
Dès qu’il y a des espaces désertés ou détruits, on commence à enterrer les défunts. On va passer progressivement du monde des vivants à celui des morts. On a déjà trouvé un squelette qui faisait 1m80 par exemple.
Les analyses sur ces squelettes vont pouvoir aider à approfondir les recherches : “On va pouvoir étudier la population de Rennes après le IVe siècle. A partir de carences sur l’analyse des os, de définir l’état sanitaire de la ville, avoir un âge d’estimation des défunts, déterminer la proportion d’hommes et de femmes.” L’équipe de l’INRAP a déjà étudié 42 squelettes mais ils en attendent une cinquantaine.
Rendez-vous au site de l’Hotel Dieu, rue mail Germaine Poinso-Chapuis à Rennes, de 14h à 18h samedi 15 juin ; et de 10h-18h dimanche 16 juin. L’entrée est gratuite et sans réservation. Au programme : des visites guidées avec les archéologues de l’Inrap et un ensemble d’animations dont un atelier d’architecture gallo-romaine.
Les journées européennes de l'archéologie, ce sont beaucoup d’événements en Bretagne : Une villa gallo-romaine du Quiou à Tréfumel dans les Côtes d’Armor, le centre d’interprétation archéologique virtuel Vorgium à Carhaix-Plouguer dans le Finistère ou encore le village de l’archéologie à Saint Malo, Tour Solidor sur le quai Sébastopol.
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