L'acte du lieutenant-colonel Beltrame avait ému la France entière. Mais qui était-il vraiment ? Comment comprendre un tel geste dans une société où bien souvent l'idividualisme prime ?
Il y a un an, c’est un geste, puis un visage qui marquait les esprits au cours de cette terrible journée du 23 mars. Le visage et le geste du lieutenant colonel de gendarmerie, Arnaud Beltrame, qui ce jour là, a décidé de prendre la place de l’un des otages du super U de Trèbes. Une décision assumée qui lui sera fatale. Blessé grièvement par le preneur d’otage, un islamiste se revendiquant de Daesh, Arnaud Beltrame va succomber à ses blessures quelques heures plus tard à l’hôpital.
L’attitude de cet homme en a fait un héros. L’historien et officier de réserve Christophe Carichon a voulu en savoir plus sur la personnalité de ce héros. Il est allé rencontrer sa famille, sa mère, ses frères ses chefs et subordonnés et en a fait un livre : “Arnaud Beltrame, gendarme de France” (éd. du Rocher).
Un homme attachant, positif, altruiste et exigeant qui sait très tôt qu’il deviendra militaire. C’est l’histoire de ses ancêtres qui va faire naître chez lui cette vocation militaire. Descendant d’une famille d’immigrés italiens parfaitement intégrés et d’une famille bretonne, il admire l’histoire militaire glorieuse de sa famille.
Arnaud Beltrame commence par échouer à Saint-Cyr puis passe par la réserve opérationnelle, et finit major du concours de l’École militaire Inter-Armes (EMIA). Il choisit alors la gendarmerie et rejoint l’École des officiers de la Gendarmerie nationale dont il sort à nouveau major. Le colonel Edouard Le Jariel des Chatelets, qui commande aujourd’hui l’EMIA est un ancien camarade de promotion d’Arnaud Beltrame. Il se souvient d’un garçon d’une grande volonté, généreux et surtout déterminé. Il a plus particulièrement en mémoire leur première rencontre.
Un garçon déterminé en quête de sens, et de spiritualité. Arnaud Beltrame a grandi dans une famille peu pratiquante. Ce serait en participant au Pèlerinage militaire international, à Lourdes, en 2006, qu’il redécouvre la foi. Il fréquente ensuite régulièrement l’abbaye cistercienne de Timadeuc, en Bretagne. Il recevra en avril 2009 la première communion et la confirmation. Une conversion chrétienne qui s'est faite simultanément avec son initiation à la franc-maçonnerie en 2008 toujours dans une démarche de quête de la vérité, de réflexion sur les grandes questions de la vie.
La mort tragique d'Arnaud Beltrame engendre de nombreuses questions sur la notion de sacrifice, le don de soi, la patrie, le courage et l'héroïsme, le rôle du chef dans l'action. A tel point que son geste, cette décision de se substituer à l’un des otages du Super U de Trèbes a pu être interprétée comme un sacrifice. Un terme pourtant vivement contesté par ses proches et le monde militaire. Pour le colonel Edouard Le Jariel des Chatelets les militaires ne s’engagent pas pour mourir. Et Arnaud Beltrame ne s’est pas donné en sacrifice.
Le geste du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame en a fait un héros. La France a décidé de lui rendre un hommage national quelques jours après sa mort. Le 28 mars 2018, Emmanuel Macron prononce l'éloge funèbre du colonel Arnaud Beltrame lors d’un hommage national aux Invalides. Le président de la République a salué "l'esprit français de résistance" incarné par le gendarme, avant de l'élever au grade de Commandeur de la Légion d'Honneur, à titre posthume.
Et depuis un an, Arnaud Beltrame est en quelque sorte entré dans le Panthéon des officiers qui ont donné leur vie dans des circonstances extraordinaires. Le colonel Edouard Le Jariel des Chatelets qui commande aujourd’hui l’Ecole militaire interarmes le confirme. C’est tout particulièrement vrai dans cette école qui forme des officiers de recrutement interne et qui ont donc tous une expérience militaire dans l'Armée de Terre.
A l’école des officiers de la Gendarmerie nationale, le nom d’Arnaud Beltrame résonne tout particulièrement pour les élèves-officiers. La 124ème promotion a pris le nom de l’officier supérieur tué il y a un an à Trèbes, par un terroriste. Un exemple pour l’armée mais pas seulement. Aujourd’hui des dizaines de lieux, de rues, d'écoles portent désormais le nom du lieutenant-colonel Beltrame.
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