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Arthur Kermalvezen: "la question des origines est lourde à porter"

RCF,  - Modifié le 17 septembre 2019
En plein débat sur la révision de la loi de bioéthique, Arthur Kermalvezen se bat pour l’assouplissement de l’anonymat des donneurs de gamètes.
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"On est 100.000 en France"

Né d’un don de sperme, il est l’un des premiers en France à avoir réussi à retrouver l’identité de celui à qui il doit en partie la vie. Une histoire qu’il raconte dans un livre,"Le Fils" (éd. L’iconoclaste). Une histoire qui fait évidemment écho à l’actualité. Jeudi dernier, en commission, les députés ont examiné l’article 3 du projet de loi de bioéthique qui dispose qu’une fois majeures, des personnes pourront avoir accès à des données non-identifiantes sur leur donneur, mais aussi, si elles le souhaitent, à leur identité.

L’aboutissement d’un long combat pour Arthur Kermalvezen, même si pour ce dernier, les grands absents de ce projet de loi sont les enfants qui sont déjà là. "On est 100.000 en France. Rien n’a été fait. Heureusement, on a quelques députés hyperactifs, qui alertent sur le fait qu’il y a des enfants qui sont déjà là" déplore-t-il, reconnaissant toutefois un progrès pour les enfants à naître.
 

"J'ai toujours su comment j'avais été conçu"

"J’ai toujours su comment j’avais été conçu. Je ne dis pas que c’est mieux de le savoir tôt, et de vivre avec. Ma femme a appris à l’âge de 29 ans comment elle avait été conçue et je l’envie. De toute manière, on n’est jamais content de ce que l’on a. Quoi qu’il en soit, je ne suis pas un tract. Mon livre n’est pas un tract. Je me méfie beaucoup des effets de mode, et des injonctions. La question des origines est une question lourde à porter. Ce n’est pas un hasard si les religions se sont emparées de la question" précise-t-il.

Retrouver l’origine de son donneur n’a pas été une chose compliquée pour Arthur Kermalvezen. "C’est affligeant de simplicité. Je suis passé par une société américaine qui m’a livré un tube. J’ai craché dans un tube. Je l’ai déposé à La Poste. J’ai attendu trois semaines, et je connaissais ainsi mes origines géographiques. Et j’ai autorisé la firme à comparer mon ADN avec tous ceux qui étaient d’accord pour comparer leur propre ADN. Je découvre un match avec une femme vivant à Londres. Je la contacte. Et sans raconter toute l’histoire, le lendemain à 11h j’obtenais le prénom et le nom de mon donneur" explique-t-il.
 

"Un robinet ouvert en permanence"

Cet homme, qui porte le prénom de Gérard, a mis sept ans à essayer d’avoir des enfants avec sa femme. "Il était donneur de sang régulier, et un jour, lors d’une remise de médaille à la banque du sang, un responsable de banque de sperme lui indique qu’il est le profil parfait, et lui demande s’il veut prolonger le mouvement pour aider des couples à devenir parents. Et à l’époque, seuls les parents pouvaient donner pour aider un couple qui voulait devenir parent" précise Arthur Kermalvezen.

"Il faut savoir que dans l’accès aux origines, c’est extrêmement polluant de ne pas savoir à qui on doit d’être né. Le fait d’être privé de cette information fait que l’on dépense une énergie qui pourrait être disponible pour autre chose. C’est comme si on laissait un robinet ouvert en permanence. J’invite la ministre à aider tous ceux qui ont des questions à pouvoir y répondre. On ne cherche pas un papa, on en a déjà un" conclut-il.

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