Deux ans après les attentats de Paris, le journaliste et ancien otage Nicolas Hénin souligne l'importance d'apprendre à "encaisser les coups et se relever".
Ancien reporter de guerre, ancien otage en Syrie, auteur de Djihad Academy (Ed. Fayard), Nicolas Hénin côtoie la question du terrorisme depuis longtemps. Deux ans après les attentats de Paris, il signe Comprendre le terrorisme (Ed. Fayard) dans lequel il souligne l'importance de la résilience pour survivre.
Pour Nicolas Hénin, "la résilience peut avoir un effet disuassif pour les terroristes".
Depuis le 13 novembre 2015, Nicolas Hénin remarque une "polarisation extrême" des débats. "Chacun se sent agressé dans sa communauté identitaire. D'ailleurs l'un des objectifs des terroristes est de créer un trou entre le "eux" et le "nous" explique-t-il. La dimension politique des attentats est donc à mettre en premier plan pour l'essayiste, qui en appelle à la responsabilisation des individus.
"Je suis contre l'idée que la radicalisation ne serait qu’une forme de recrutement sectaire", lance-t-il. "Le terroriste est avant tout un homme libre, qui pose un choix rationnel. On peut ensuite regarder les circonstances atténuantes."
En étudiant l'histoire du terrorisme, Nicolas Hénin perçoit des "vagues" qui épousent à chaque fois une idéologie incarnant une figure de rébellion liée à une époque. Depuis 1980, le monde subirait ainsi une vague de terrorisme religieux qui, comme les autres, s'éteindrait avant de laisser place à une autre.
C'est la raison pour laquelle, selon lui, "il ne faut pas abandonner l'idée de lutter contre le terrorisme mais avoir la modestie de reconnaître que l'on ne peut pas l'éradiquer complètement."
Plutôt que de rêver à un monde sans attentats, Nicolas Hénin préfère se montrer lucide et "faire avec". En plus de la réponse sécuritaire, il voit la nécessité de développer ce qu'il nomme "la défense passive". Pour lui, "la lutte contre le terrorisme est aussi de savoir encaisser les coups que l’on reçoit et se relever."
L'auteur de Comprendre le terrorisme- bâtir une société résiliente salue les "signaux positifs qui montrent que les terroristes ne nous ont pas divisés". Ce qui ne l'empêche pas d'exprimer son inquiétude concernant "l'hystérisation des débats religieux": "L’une des raisons du succès de ces vagues est la méconnaissance mutuelle des religions."
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