Comme chaque année, l’association CADR67 propose aux Strasbourgeois d’enfourcher leurs vélos pour participer au challenge ‘Au boulot à vélo’. Pendant un mois, les équipes de participants doivent cumuler kilomètres et régularité, deux critères indispensables pour espérer atteindre la tête du classement. Derrière l’opération, une volonté de fidéliser les déplacements maison-travail durant toute l’année. Dès lors se pose la question de la cohabitation, pas toujours simple, entre usagers.
En 15 ans, l’opération "Au boulot à vélo" a grappillé les marches de la popularité, pour devenir un rendez-vous majeur des amoureux du vélo pendant chaque mois de juin. Le principe est simple : les participants forment des équipes, le plus souvent par groupes professionnels (entreprise, collectivité, etc.), pour cumuler des points en fonction du nombre de kilomètres parcourus. L’assiduité des équipes compte tout autant. En 2023, 860 établissements s’étaient inscrits. Plus de 17 000 cyclistes se sont affrontés en parcourant plus de 2 millions de kilomètres.
À l’origine de cette compétition, l’association CADR67, acteur militant dans le paysage strasbourgeois et interlocuteur majeur dans le dialogue avec la Ville de Strasbourg. Aujourd’hui, 18% des déplacements domicile-travail sont fait à vélo sur le territoire de l’Eurométropole. Un chiffre qui progresse et qui fait de la capitale alsacienne l’une des meilleurs élèves en termes de mobilité douce. Mais pour Fabien Masson, directeur de l’association, il ne faut pas relâcher la pression car la marge de progression est constante.
Il y a d’abord la question de l’accès au vélo. CADR67 propose des séances de "vélo école" à destination des publics les plus précaires. Ensuite, Strasbourg se bat encore et toujours contre ses vieux démons : le vol et les vélos "ventouses", ces deux-roues abandonnés qui monopolisent des arceaux déjà manquant dans certains quartiers.
En quelques années, la vulnérabilité des usagers a également changé. Si longtemps, la cohabitation entre automobilistes et cyclistes a été une préoccupation de premier plan, c’est la mobilité dans son ensemble qui est à repenser aujourd’hui, car les conflits d’usages sont nombreux, y compris entre cyclistes. Pour l’association CADR67, le succès ne doit pas être un frein. C’est d’abord l’aménagement de l’espace urbain qui doit être revu. Beaucoup de pistes cyclables témoignent de l’engagement pérenne des municipalités successives en faveur du vélo. Mais elles ne sont plus adaptées à son évolution : trop étroites pour accueillir les vélos cargo ou la densité de circulation, encore absentes dans certains axes pourtant majeurs, inadaptées aux passages des piétons qui eux aussi, sont de plus en plus nombreux.
Autre piste : la répression. CADR67 n'exclut pas de remettre sur le tapis la question des amendes pour les cyclistes ignorants du code de la route. Car toucher au portefeuille des contrevenants a déjà fait ses preuves par le passé, avec une nuance toutefois : verbaliser plus, mais moins. Mais Fabien Masson l’assure, les accidents impliquant des deux roues-routes n’ont pas augmenté. Un signal positif.
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