Ces derniers jours, huit journalistes ont été entendus par la Direction générale de la sécurité intérieure. Certains journalistes dénoncent une tentative des autorités de les intimider et de compromettre le secret de leurs sources. L'avis ce matin de Pauline Adès-Mevel, porte-parole de Reporters sans frontières. De plus, la journaliste du monde Ariane Chemin ainsi que Louis Dreyfus, le président du quotidien doivent être entendus ce mercredi dans le cadre de l’affaire Benalla après avoir notamment révélé l’identité d’un sous-officier de l’armée de l’Air.
"Pour Reporters sans frontières, le fait qu’il y est huit convocations de professionnels de médias en quelques semaines est clairement inquiétant. Reporters sans frontières réclame des explications aux autorités françaises. Le fait qu’un si grand nombre de journalistes s’intéressent à un sujet sensible comme la vente d’armes par la France à l’Arabie Saoudite ou l’affaire Benalla qui a fait couler beaucoup d’encre fait craindre qu’avec ses convocations les autorités cherchent à intimider les journalistes et leurs rédactions. Et surtout à identifier leurs sources de manière à les sanctionner ou peut-être de les dissuader de communiquer des informations."
" Alors théoriquement, le journaliste qui est un justiciable comme les autres mais qui a un droit que n’ont pas les autres, c’est le droit au secret des sources. En fait, comparaître devant la DGSI, avec l’autorisation de ne pas parler, de ne pas révéler et donc ne pas donner les informations sensibles qu’il utilise en tant que journaliste pour son enquête. "
"Il y a certainement un message. Et c’est pour cela que l’on s’est élevé contre ces pratiques. Effectivement, c’est une stratégie d’intimidation des médias dans les services de la sécurité intérieure, et c’est ça qui nous inquiète. Je crois que c’est surtout, le nombre très élevé de journalistes convoqués en un temps record parce que ce n’est pas nouveau en France. On a vu des précédents en 2016 et en 2017. Mais avec une telle fréquence et dans un temps si court, c’est du jamais vu.
Ce qui est clair, c’est que le journalisme d’investigation est aujourd’hui en danger en France parce que convoquer des journalistes dans ces conditions, c’est fragiliser la liberté d’information mais aussi l’accès à l’information parce que c’est le message envoyé aux journalistes donc a potentiellement d’autres journalistes qui pourraient peut-être être plus réticent à communiquer et bien sûr aux sources qui pourraient être inquiétées de communiquer des informations sensibles."
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