Le réchauffement climatique et le changement de saison rendent de plus en plus difficile la production de miel. On fait le point avec Philippe Treillé, président du syndicat d’apiculture du Bugey.
Avec un début de saison assez compliqué voir “catastrophique” pour les apiculteurs, le tilleul rattrape un peu la production. En revanche, en ce qui concerne le miel de montagne, Philippe Treillé n’est pas optimiste.
En début d'année, les colonies sont plutôt bien parties. Puis, on a eu du froid, de la pluie, du vent… Donc tout ce qui est miel de printemps avec les fruitiers, ou le colza, ça fait zéro. Ensuite, il y a l'acacia qui aurait dû démarrer, mais quand il a été en fleur, il n’y a eu que de la pluie et du vent. Donc on a encore une production à quasi zéro. A part quelques petits coins qui ont été protégés.
Un début de saison presque nul qui est un peu rattrapé par le tilleul qui a commencé de fleurir il y a environ 3 semaines. Mais pour le reste, le président du syndicat se peine de ne voir plus aucune fleur dans les champs, ni sur les arbres.
On va attendre pour voir ce qui ont vraiment des besoins comme le miel de lierre ou le miel renoué du Japon. Mais ce sont des miels un peu compliqués à récolter.
Les récoltent aujourd’hui sont estimés à 30% de l’année dernière. Philippe s’inquiète de la régularité des récoltes. Cette année, les apiculteurs ont dû nourrir quasiment jusqu'en juin leurs colonies d’abeilles. Ce qui représente des coûts importants pour eux, avec des récoltes insuffisantes à l'arrivée. Une indemnité pour les pertes des récoltes est en cours de discussion.
Ce qui est inquiétant aussi, c'est de voir que des récoltes peuvent éventuellement se superposer. Il y a quelques années en arrière après l'acacia, on avait le tilleul, ce qui permettait de faire des miels de cru, très typés. Mais maintenant, l'acacia n'est terminé que le tilleul à démarrer. Donc ça devient très difficile à gérer.
Selon Philippe Treillé, certains apiculteurs ont même décidé d'arrêter leur production. Pour les apiculteurs professionnels c’est aussi compliqué pour les mêmes raisons. S’ajoute à cela le déclassement du miel qui engendre des revenus en moins. Le président du syndicat du Bugey a peur de voir s’importer de plus en plus de miel de l’étranger : un miel de mauvaise qualité.
C'est très bien compliqué de vivre de l’apiculture aujourd'hui. Il y en a de plus en plus qui ont une double activité, des élevages par exemple. Ça va devenir très très difficile pour les professionnels de vivre d'une seule activité que du miel, à moins d'avoir de très très grosses exploitations. Mais pour qu'on puisse avoir de grosses exploitations, il faut qu’il y ait des abeilles et de quoi les nourrir.
Selon les chiffres du syndicat national, pour répondre à la production de la consommation de miel en France, il faudrait un million de ruches en plus. Mais les apiculteurs n’arrivent déjà pas à nourrir les ruches déjà installées.
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