Cette phrase, on la doit à Jacques Derrida, un philosophe avec qui Barbara Cassin a un peu travaillé. Ce dernier a une autre phrase qui est liée à celle-ci : "une langue, ça n’appartient pas". Une phrase que Barbara Cassin trouve très inspirante. Pour elle, "il faut desserrer l’enracinement langue-nation". Elle ajoute que pour aimer la langue française, si l’on veut être son gardien, il faut aimer toutes les autres langues.
Barbara Cassin revient sur son entrée à l’Académie française, la cérémonie, le protocole, l’éloge que l’on doit faire de la personne à qui l’on succède sur le siège. "Les Académiciens que j’ai rencontrés ne sont pas des gens ennuyeux, ce sont des gens drôles, et intéressés par ce qu’ils font. Je n’ai pas peur de m’y ennuyer. En tout cas beaucoup moins que dans une salle de professeurs de La Sorbonne" lance-t-elle.
Aujourd’hui, l’Académicienne veut porter le combat du "entre les langues". Construire des ponts. "Je définirais une langue comme des auteurs et des œuvres. Des parlants qui inventent. À l’inverse, le globish [pour Global English NDLR] fait en sorte que toute langue soit un organe de communication. Il en faut" estime-t-elle, même si pour Barbara Cassin, la langue ne doit pas se limiter à la communication, elle doit aussi inventer. Pour cela, plusieurs outils sont à notre disposition : parler la langue, l’écrire, et les mettre en rapport les unes avec les autres.
En matière de rapport des sexes à la langue, Barbara Cassin rappelle que la langue française est genrée, et qu’il ne faut pas le regretter. "C’est un produit intelligible et intelligent. Je n’aime pas l’écriture inclusive que je trouve illisible et imprononçable. Je ne m’en sers que par ironie. Mais il me semble qu’il est difficile de supporter que dans une série de noms féminins avec un nom masculin, l’adjectif se mette au masculin. C’est choquant, même quand on parle. Les règles ne sont pas éternelles, elles se travaillent" précise-t-elle.
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