Le Hamas est né à la suite de la première intifada de 1987. Il est dans la mouvance des Frères musulmans. Et contrairement au Fatah, il ne reconnaît pas l’Etat d’Israël, qu’il considère comme usurpateur et représentant de l’Occident au sein du monde arabe. Il n’a pas reconnu les accords d’Oslo, et il a boycotté les premières élections palestiniennes en 1996. Il décide pourtant de participer aux élections de 2006, comptant capitaliser sur l’amertume des Palestiniens. Ils les remportent haut la main, le Fatah est battu.
C’est alors que l’Occident qui a pourtant poussé les Palestiniens à organiser ces élections, ne reconnaît pas la victoire du Hamas et lui impose trois conditions : reconnaître Israël, renoncer à la violence, et reconnaître les accords conclus entre les Palestiniens et Israël. Ce à quoi le Hamas se refuse. Il est alors éjecté du jeu politique, et prend le contrôle de la bande de Gaza. Comble du paradoxe, les Palestiniens s’offrent deux gouvernements : un gouvernement à Gaza dirigé par le Hamas, et un autre dirigé par l’autorité palestinienne à Ramallah.
Depuis le mois de mai, le Hamas a annoncé de nouvelles orientations. Il précise vouloir mener un combat politique et non religieux contre Israël. Il accepte l’idée d’un futur Etat palestinien limité à la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza. "Les contraintes de la géopolitique ont forcé Hamas à assouplir son discours. Il prend aussi ses distances avec les frères musulmans" explique Bichara Khader, spécialiste du monde arabe, fondateur du centre d'études et de recherche sur le monde arabe contemporain à l'université catholique de Louvain en Belgique
Il faut noter également que la situation au Qatar pourrait modifier considérablement la donne entre le Hamas et les pays du Golfe. "Par le passé, le Hamas pouvait compter sur l’aide financière de l’Arabie saoudite, sur le soutien politique de la Syrie. Mais le Hamas a pris ses distances avec Bachar el-Assad. Par ailleurs, l’Arabie saoudite a appuyé le régime égyptien, en froid avec le Hamas. Il ne lui reste plus que la Turquie et le Qatar, qui accueillaient les dirigeants du Hamas en exil, et fournissait une aide humanitaire nécessaire à Gaza" analyse encore Bichara Khader.
Le Hamas est donc aujourd'hui isolé diplomatiquement, et tente de donner des gages de bonne conduite à l'autorité palestinienne.
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