Au lendemain de la journée mondiale des animaux le 4 octobre, la question du droit des animaux et de la souffrance animale s’invite à nouveau dans les débats politiques et médiatiques. Les précisions de Julien Dezécot, directeur du média Sans transition.
Le sujet est devenu éminemment politique ; depuis l’émergence du parti animaliste aux législatives en 2017, la condition animale n’a cessé de s’inviter dans le débat public, notamment avec les vidéos chocs de L214 et l’action d’associations comme Welfarm ou l’ASPAS. La Commission européenne a même annoncé face à l’initiative citoyenne européenne (ICE) End the cage Age qu’elle s'engageait d’ici fin 2027 à mettre fin à l’élevage en cage.
Pour les militants de la cause animale, les récentes évolutions législatives intégrant davantage de « bien-être animal » ne vont pas assez loin. Un sondage réalisé par Ifop révèle que 83 % de la population française, toutes sensibilités politiques confondues, souhaitent l’interdiction de l’élevage intensif. Soit autant que ceux qui souhaitent l’interdiction de la chasse le dimanche. Quant aux militants abolitionnistes, qui cherchent à mettre fin à toute forme d’élevage, ils sont chaque année plus nombreux, en écho à une opinion publique choquée par les insoutenables images des abattoirs.
« Nous n’avons jamais mutilé, tué, autant d’animaux qu’aujourd’hui. Alors que n’avons jamais eu autant de connaissances sur eux ni autant conscience du mal que nous leur faisons », souligne la philosophe Florence Burgat dans les colonnes du magazine Sans transition. Chaque année, 70 à 80 milliards de bêtes sont abattues par l’être humain. Ramenés à nos pays, c’est près d’un milliard d’animaux tués en France l’an dernier, ou encore 700 millions en Allemagne. 80 % des animaux de la planète passent leur vie enfermés dans des usines. Comme l’exprime Caroline du Saint dans son enquête baptisée L’usine des animaux sur Arte, l’animal a perdu son statut d’être vivant pour devenir une matière première, un simple produit manufacturé.
En filigrane de cette évolution de l’opinion, notre humanité est ébranlée, soulignent-ils. "Pouvons-nous disposer à notre guise des animaux ? Les maltraiter à l’infini ? Sont-ils nos alter égaux ? Peut-on aimer les animaux et les manger ? Les observer dans un zoo ou un cirque est-il de la maltraitance ? Et pourquoi ne pas arrêter de « gérer » le monde sauvage ?". De Florence Burgat à Dominique Bourg, en passant par Jean-Philippe Pierron et le couple Kremer-Cochet, les réponses proposées divergent. Devenir végétarien, sortir de l’élevage intensif pour de l’extensif en diminuant drastiquement notre consommation de viande, donner de véritables droits juridiques aux animaux, laisser au sauvage sa place dans la nature, etc. Quelles que soient les transitions collectives que nous choisirons, tous s’accordent pour affirmer que désormais : nous ne pouvons plus continuer ainsi.
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