Il n'y aura pas de défusion pour la commune nouvelle de Morannes-sur-Sarthe Daumeray. Le préfet de Maine-et-Loire a mis fin au processus de divorce entamé en 2020 sur la base d'une pétition rassemblant plus de 500 personnes. Au grand soulagement du maire de cette commune rurale du Nord du département.
Le divorce de Morannes-sur-Sarthe-Daumeray n’aura pas lieu. Si la décision du préfet de Maine-et-Loire est une bonne nouvelle pour le maire de la commune, Jean-Marie Cardoen, ce dernier veut continuer à travailler pour créer un véritable esprit de village commun aux trois bourgs.
Pour justifier l’arrêt de la procédure, le préfet de Maine-et-Loire a déclaré que la majorité des électeurs n'étaient pas en faveur de la séparation. Pourtant, le point de départ de toute cette affaire, c'est une pétition signée par plus de 500 personnes en 2020 !
Jean-Marie Cardoen : « Tout à fait, la pétition est sortie vers le mois de juin 2020, soit deux mois environ après les élections municipales et effectivement, des habitants de Morannes, essentiellement, ont souhaité sortir de la commune nouvelle. En fait, l’ancien maire avait perdu les élections, et c’est lui qui avait initié cette pétition. On va dire que c'était un petit peu le troisième tour du scrutin qu’il voulait jouer ici. »
Pour les partisans de la défusion, Daumeray est beaucoup trop éloigné des deux autres communes, au niveau des kilomètres notamment. C'était un faux débat, selon vous?
« Pour moi, c'est un faux débat parce que les communes sont de grandeur relativement identique, elles ont une histoire en commun. Donc au niveau territorial ça fait un ensemble qui est tout à fait cohérent. Après, une commune nouvelle ne se bâtit pas en une seule journée. Il faut du temps pour que les gens s'habituent à cette notion de commune nouvelle, bien que ça ne change pas du tout leur façon de vivre ! »
La pétition de base a rassemblé 500 personnes. C’est un groupe important pour une petite commune rurale.
« Daumeray c'est environ 1500 personnes. Morannes et Chemiré, c'est 2100. Nous avons une commune nouvelle qui réunit aujourd’hui plus de 3600 habitants. Certes, il y a eu une inquiétude de la part d'une partie des habitants, mais qui n'était pas justifiée de mon point de vue. Là encore, c’était plus lié aux résultats des élections municipales. Bon, les gens imaginaient peut-être qu'avec la commune nouvelle, on allait immédiatement baisser les impôts et faire des choses extraordinaires ! Mais tout cela, c'est une construction au jour le jour. Peut-être que la décision de faire cette commune nouvelle a été prise un petit peu trop rapidement, mais moi je n'étais pas élu en 2017.
En tout cas, on va travailler à cette union. Déjà, l’appellation « Morannes-sur-Sarthe-Daumeray » pose problème. On a simplement accolé les noms des communes historiques. Maintenant, je pense qu’il faut trouver un nom qui soit plus rassembleur. »
C’est une source de tension au sein de la commune ?
« Moi, je ne sens pas d'appréhension parce que les gens n'en parlent pas, tout simplement. Si vous voulez, au moment de l'enquête publique, il y a une centaine de personnes qui sont venues voir le commissaire-enquêteur. On voit la différence par rapport à la pétition. Et sur cette centaine de personnes, on va dire qu’environ la moitié était pour la défusion. »
Vous avez déclaré dans la presse locale que cette affaire avait gangrené le début de votre mandat. Quel a été cet impact sur le fonctionnement de la commune?
« Au niveau mental, ça a été une charge mentale très importante et très difficile à vivre pour nous, élus. Moi, c'était mon premier mandat et même si les gens me connaissent bien, puisque j’habite Morannes depuis 45 ans, c'était difficile à porter. J’ai même eu envie de démissionner. Heureusement, j'avais une équipe municipale très soudée autour de moi qui m'a encouragé. Et puis, pour couronner le tout, il y a eu le Covid qui en a rajouté une couche. »
Pour vous, la politique, c’est terminé ? Avez-vous été vacciné avec cette affaire?
« Ça m'a vacciné, oui. Après, je ne regrette pas cette expérience parce que je suis au contact de la vraie vie. Et puis je rends service à la population, je l'espère en tout cas. C’est mon objectif de faire avancer la commune, d'avoir des projets. Le prochain projet qui est difficile, d’ailleurs, c'est la restauration de l'église de Morannes qui est fermée depuis un an. Et à ce sujet, on va avoir une réunion publique le 2 avril avec les habitants. La Fondation du patrimoine et une association locale vont nous aider à restaurer l’édifice. »
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