"Nous parlons pour éclairer les consciences en manifestant les questions qui peuvent se poser, les enjeux qui peuvent se dévoiler, ou parfois des pièges dans lesquels on peut tomber sans s’en rendre compte. Et c’est intéressant de pouvoir faire émerger des questions que des députés n’avaient pas compris ou bien n’avaient pas vu" explique Mgr d'Ornellas, spécialiste des questions de bioéthique à la Conférence des Evêques de France.
Mgr d’Ornellas était interrogé par les députés avec trois autres responsables de religion : un protestant, un juif et un musulman. "A la fin, les députés qui étaient présents nous ont dit qu’ils étaient frappés que cette audition ait manifesté de façon globale, avec les quatre intervenants, un souci partagé de l’humanité. C’est l’expression qui a été dite par un député. Il y a quelque chose de vrai dans le sens où nous avons tous les quatre un vrai souci du bien de l’humanité, et non pas un souci économique, technique, politique" ajoute-t-il.
Cela dit, Mgr d’Ornellas reconnait des approches différentes en fonction des religions. "C’est cela qui fait la richesse. L’approche catholique est une approche qui honore la raison humaine en essayant de promouvoir le dialogue, la confrontation des arguments, pour que les arguments progressent, et que nous arrivions à trouver ensemble le chemin de la vérité. Le dialogue c’est un amour désintéressé de la vérité. Par contre, si je regarde les autres approches, je vois bien que l’approche protestante est la construction d’une éthique. L’approche juive est une discussion qui permet de faire émerger un sens. Quant à la tradition musulmane, il s’agit d’appliquer les sourates" lance l'archevêque de Rennes.
Il y a quelques semaines, dans le cadre de la révision des lois de bioéthique, la Conférence des Evêques de France a publié un document au sujet de la bioéthique. Dans ce document, les évêques parlent de la PMA. Ils évoquent une distinction entre la souffrance pathologique et la souffrance sociétale qui ne peuvent pas avoir la même réponse médicale. "C’est un sujet important. Après la guerre, a été instaurée la république sociale, cela signifie que tout le monde aide chacun à accéder aux soins, et à être soigné. La pathologie est un critère objectif. Et aujourd’hui les progrès dans la prise en charge des malades ont établi des priorités. Si je supprime la pathologie comme critère de référence, quel est le critère objectif entre souffrances ? Il n’y en a pas. Si on intègre à la médecine le rôle de gérer les souffrances sociétales, comment va-t-on réguler l’accès de tous aux soins ?" s’interroge Mgr d’Ornellas.
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