Devant les portes du centre pénitentiaire de Metz-Queuleu, les surveillants pénitentiaires ont manifesté leur tristesse et leur colère durant la matinée du mercredi 15 mai. Un blocage qui s'est déroulé après le décès de deux collègues, lors d’une extraction à Caen, en Normandie, qui avait eu lieu la veille. Les manifestants ont dénoncé le manque d'effectif, des conditions de travail dégradées et des heures supplémentaires sans fin. Sur place, les députés François Ruffin et Charlotte Leduc étaient présents pour écouter leurs témoignages.
La fumée au loin permet de repérer le site sans difficulté. Les pneus et les palettes brûlent devant la porte de la prison, sous le regard fatigué des agents pénitentiaires. Ils s’expriment, parfois sous le coup de l’émotion, parfois timidement, mais surtout, ils témoignent de leur quotidien. Depuis l’incident de la veille, c’est la peur qui l’emporte. « On fait un métier, on est dedans et les familles ne comprennent pas, hier elles ont découvert ce qu’on faisait comme boulot, et elles sont dans la crainte permanente », assure Jean-Luc, membre de la PREJ (pôle de rattachement des extractions judiciaires). « On se met à la place des agents, ça aurait pu être nous, on n’aurait pas fait mieux, il n’y avait pas d’alternatives », regrette-t-il. Fabrice Moello, 52 ans et Arnaud Garcia, 34 ans sont les deux agents pénitentiaires tués lors de l'attaque d'un fourgon dans l'Eure. Gabriel Attal s'est rendu à Caen le 22 mai pour leur rendre hommage. « Leur mort ne restera pas impunie », a assuré le Premier ministre.
Les manifestants attendent tous des réactions gouvernementales et des prises de position pour assurer la sécurité des agents. Les Jeux Olympiques approchent et la charge de travail qui attend les agents pénitentiaires sera encore plus importante, puisque les services de police, qui ont pour habitude de leur venir en aide, ne seront plus disponibles. Ils redoutent tous cette période, sachant qu’ils se sentent déjà tous submergés par les missions d’extraction et, plus généralement, l’ensemble des tâches qui leur sont confiées. « L’État vit à crédit sur nous, dès que les gens dépassent les 108 heures supplémentaires, on ne leur paie pas, on décale et on reporte le paiement des heures puisque le quota annuel est déjà atteint. À un moment, cela ne passe plus », explique un surveillant. Tous les agents de Metz ont atteint leur maximum d’heures supplémentaires par trimestre, selon les manifestants présents. « Il y a des gens qui ont des compteurs de 800 à 1 000 heures supplémentaires ici, mon collègue a deux ans d’heure sup’ d’avance ! », s’indigne le surveillant.
« Toute la journée, on voit des drones qui survolent la prison, ils livrent directement au niveau de la cellule, on ne peut pas vérifier ce qu’il y a dedans », témoigne un surveillant. « Jusqu’au jour où une arme va arriver, il y aura une arme et le gardien sera seul pour deux étages, soit 200 détenus », prévient un de ses collègues. Des propos qui interrogent les deux députés sur place, François Ruffin et Charlotte Leduc. « Concrètement, comment se manifeste ce sous-effectif dont vous parlez ? » demande-t-elle. « On devrait être trois agents pour 100 détenus, mais aujourd’hui on est un pour 200 détenus, dans le meilleur des cas on sera un pour 100 détenus », répond le surveillant.
Une surcharge de travail couplée à la peur, la fatigue et le manque de personnel qui participe à révolter les agents pénitentiaires. Aucun d’entre eux ne souhaite perdre un collègue à cause du manque de moyens, raison pour laquelle ce blocage était important pour eux.
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