Les élections municipales de dimanche au Brésil ont confirmé la déroute de la gauche. À Rio de Janeiro, c'est Marcelo Crivella, un sénateur du Parti républicain et pasteur de l'Église évangélique, qui a remporté la mairie. Il était sénateur, membre du parti Républicain brésilien (PRB) et pasteur de l'Église universelle de Royaume de Dieu.
Marcelo Crivella est désormais le maire de Rio. Il a remporté, dimanche 30 octobre, 59,37 % des voix contre 40,63 % pour Marcelo Freixo, du parti de gauche PSOL et figure locale de la lutte contre les milices paramilitaires. Une illustration de la déroute subie par la gauche au Brésil lors des élections municipales, notamment au sein du Parti des Travailleurs (PT) de l'ex-président Luiz Inácio Lula da Silva et de son héritière politique Dilma Rousseff, destituée en août par le Sénat pour maquillages des comptes publics au terme d'une procédure, qui a mis fin à 13 ans de gouvernements du PT.
"Cela sonne au moins la fin du parti des travailleurs au pouvoir depuis maintenant 13 ans. Il a perdu la moitié des postes de maires qu’il avait lors des précédentes élections. Très pragmatiquement, les scandales de corruption ont affecté l’ex-président Lula et un certain nombre d’hommes politiques dans la hiérarchie du parti. Mais au-delà de ça, il y a actuellement, dans les Amériques, un vent de néoconservatisme qui semble souffler sur les sociétés" explique Laurent Vidal, chercheur en histoire du Brésil et des Amériques au sein CRHIA de La Rochelle.
"Pendant une quinzaine d’années, le Brésil a vécu dans le bipartisme, avec le parti des travailleurs d’un côté et le PSDB de l’autre. Dans un moment de décrédibilisation du politique et de la politique, tous les grands partis sont affectés. Tout le monde a quelque chose à se reprocher, et les personnes venant de l’extérieur de la vie politique semblent attirer les préférences des électeurs" ajoute Laurent Vidal au sujet de la victoire des nouveaux maires de Sao Paulo et de Rio de Janeiro.
L’autre grande victoire de cette élection, c’est l’abstention, avec un taux record pour cette année de 17 %. Au Brésil, voter est obligatoire et ceux qui ne le font pas se soumettent à une amende. Ce qui ne manque pas de renforcer l’importance d’un tel chiffre. "Les deux anciens présidents, Lula, et Dilma, ne sont pas allés voter. A titre symbolique, c’est un signe" précise ce spécialiste du Brésil.
Enfin, il faut noter que les élections brésiliennes sont souvent le cadre de violences. Plusieurs candidats aux municipales auraient même été assassinés. "A Rio, il aura fallu une grande mobilisation de la police et des forces armées pour maintenir la sécurité durant l’élection. Mais il y a beaucoup de candidats corrompus, liés aux milices qui soutiennent le trafic de drogue et le trafic d’armes. C’est surtout parmi ces candidats qu’il y a des assassinats, qui sont des règlements de compte" conclut-il.
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