Une fermeture au moins jusqu’en 2029.Le Musée des Beaux-Arts de Brest ne rouvrira pas ses portes de sitôt a annoncé la direction en fin de semaine dernière.
Une fermeture depuis le mois de janvier, après la découverte de moisissures sur près d’une vingtaine d’œuvres. Rencontre avec la directrice du Musée des Beaux-Arts de Brest Métropole, Sophie Lessard.
Une malheureuse découverte. Ce 6 janvier 2025, à l'occasion de l'entretien annuel des œuvres du Musée des Beaux-Arts de Brest, "une collègue chargée des collections qui a découvert l'infestation fongiques sur quelques œuvres de la galerie du premier étage. (...) C'était visible à l’œil nu, il y avait une couche de substrat blanc qui recouvre la surface de la couche picturale, et qui sont exclusivement sur des peintures, des grands formats", précise Sophie Lessard. Le musée avait déjà été concerné en 2013 par ce type de contamination, elle avait mis près de six ans à en venir à bout. Les équipes ont dont réagit immédiatement. "La première action, ça a été de lever le doute sur le risque sanitaire à l'égard de l'équipe du musée et des visiteurs. On a travaillé avec le laboratoire Equasa à Plouzané qui est chargé des analyses de moisissures. On a pu savoir que l'air ambiant du musée était tout à fait satisfaisant et bien en deçà des seuils d'alerte." S'est ensuite ouverte une période d'analyse de ce champignon, analyse qui s'est faite via un séquençage par ADN avec un prélèvement directement sur les toiles. Les résultats, envoyés dans un laboratoire allemand, ne sont pas encore arrivés, "mais cela ne devrait pas tarder."
C'était visible à l’œil nu, il y a une couche de substrat blanc qui recouvre la surface de la couche picturale, et qui sont exclusivement sur des peintures, des grands formats
La première mesure a été de mettre en place un protocole d'accès strict aux galeries, et de faire baisser progressivement l'humidité dans l'air, ou "hygrométrie", "de 5% en 5%, ça prend du temps, jusqu'à atteindre 50-55% d'humidité relative ce qui est le cas aujourd'hui", souligne Sophie Lessard. Des aérateurs et ventilateurs ont également été installés pour améliorer la circulation de l'air et l'assèchement, des recommandations qui font partie du protocole de crise en cas d'apparition de champignons sur les œuvres d'un musée.
Les causes du développement de ce champignon ? La structure du bâtiment, en béton, qui date des années 70, et est plus à même de retenir l'humidité à l'intérieur. Mais aussi la présence de verrière qui favorise les chocs thermiques.
Et puis un rôle, sans aucun doute, du réchauffement climatique. "Je m'interroge beaucoup sur le dérèglement climatique, on sait que le climat change, qu'il y a beaucoup plus de pluies soudaines, plus importantes", explique Sophie Lessard. "À Brest, on a été très transparent sur la situation du musée, ce n'est pas le cas de beaucoup d'autres musées, archives ou FRAC [Fonds régionaux d'art contemporain], et dernièrement j'ai eu beaucoup d'appels de musées qui me demandaient comment on avait fait et ces appels me font dire que ce ne sont pas des cas isolés." Huit musées danois ont notamment connu ce même phénomène, "le Danemark qui a une situation géographique qui se rapproche de la notre, une pointe dans la mer", des musées bretons ont également contacté la directrice du Musée des Beaux-Arts de la cité du Ponant. Sophie Lessard appelle à la création d'un comité scientifique pour se pencher plus spécifiquement sur cette question.
Un horizon se profile donc pour le musée, celui de 2029. Année où devrait être livré un tout nouveau pôle de conservation, où seront transférées les 15 000 œuvres du musée.
En attendant, le musée va miser sur de la médiation et des évènements hors les murs, à commencer par des ateliers pendant les vacances de Pâques pour les jeunes publics à la maison de la Fontaine à Brest. Tous les rendez-vous sont à retrouver sur le site de Brest métropole brest.fr
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