L’Otan accueille pour la première fois le nouveau chef du Pentagone, James Mattis. Par ailleurs, la démission forcée de Michael Flint, soupçonné de compromission avec la Russie, risque de peser sur ces discussions. "Ce personnage s’est cru autorisé en prenant l’onde avec l’ambassadeur de Russie à Washington, de donner un blanc sein à la question de l’annexion de la Crimée par la Russie, infirmant les décisions du président Obama" explique Jean-Charles Jauffret, historien, professeur à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence.
Ce spécialiste ajoute que la politique américaine actuelle est inconsciente. 'Le président vit dans une espèce de monde virtuel, sans se rendre compte de tous les enjeux géopolitiques et géostratégiques, en permettant aux Russes de faire ce qu’ils veulent. On l’a vu en Syrie, et on le voit en Ukraine".
Sur la question russe, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a assuré que Donald Trump et ses ministres partageaient la même double approche que l’Otan, une approche qui conjuguerait dissuasion et dialogue. "Il y a de la langue de bois. Mais il y a aussi la réalité. Trump commence à se rendre compte qu’il a des responsabilités. Si bien qu’il n’y a pas seulement le côté fort en gueule du président, il y a aussi la prise en compte de réalités. Et on ne peut pas laisser tomber les membres de l’Otan. Poutine est un personnage habile, très populaire en Russie. Il est en train de reconstruire l’empire russe, sous nos yeux" analyse également Jean-Jacques Jauffret.
Parmi les sujets abordés au cours de cette réunion de l’Otan, figurera la question du budget destiné à l’armement. Un budget qui devrait représenter théoriquement 2 % du PIB. "C’est absolument nécessaire. Non seulement par l’inconstance du président américain et de sa nouvelle administration. Mais aussi car les menaces sont particulièrement fortes. Le président Poutine est en train de déployer des missiles de moyenne portée, à tête nucléaire, pointés vers les pays de l’Otan. On est dans une situation de renouvellement de la guerre froide" précise encore l'historien.
Jean-Charles Jauffret conclut en rappelant que la question afghane, qui ne sera pas abordée lors de ce sommet, pèse encore énormément sur l'Otan, et que ce dernier doit adopter une double posture face à Poutine : dialogue et fermeté. Une posture semble-t-il assez différente de celle du président américain, actuellement.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !