Les ‘27’ auront donc échoué à s’entendre sur le futur Cadre Financier Pluriannuel de l’UE, ce budget 2021 – 2027. La partition était écrite d’avance, diront certains.
Pour d’autres, c’est l’amateurisme de Charles Michel, le Président belge du Conseil européen, qui n’aura pas permis de rapprocher des positions trop éloignées entre les Etats qu’on dit « contributeurs nets » (ceux qui contribuent plus au budget qu’ils ne reçoivent de fonds européens) et ceux qu’on appelle « bénéficiaires nets » (ceux qui reçoivent plus qu’ils ne contribuent au budget).
Mais, c’est avant tout cette logique de petit comptable qui consiste à évaluer la position d’un Etat en Europe en fonction de sa contribution budgétaire qu’il faut condamner tant celle-ci est mortifère pour le projet et l’ambition européenne. Réduire l’apport du projet européen au seul montant des subventions pour ses agriculteurs ou pour ses régions, c’est être aveugle ou plus certainement de très mauvaise foi.
Car, appartenir à l’Union a certes un coût mais offre de nombreux avantages, qui sont difficilement chiffrables. Et, je ne vous parle même pas de la paix et de la stabilité que le projet communautaire assure sur le continent, non. Si on reste sur la seule dimension économique, offrir à ses entreprises un marché de presque 500 millions de consommateurs est en soi un avantage qui ne fait aujourd’hui l’objet d’aucun financement particulier dans le cadre du budget.
Et, alors que les besoins passés n’ont pas disparu (qui peut dire, en effet, aujourd’hui qu’il faut cesser d’œuvrer à la convergence des économies en Europe ou à la transformation écologique du monde agricole ?) – alors que ces besoins n’ont pas disparu, de nouveaux besoins apparaissent (par exemple, dans le domaine de la défense). Nouveaux besoins qui nécessitent également des financements importants.
Mais, aujourd’hui la situation est ubuesque : plusieurs des Etats qui avaient obtenu un rabais sur leur contribution en contrepartie du fameux rabais britannique en sont à exiger de conserver ce rabais alors même que le Royaume-Uni ne fait plus partie de l’Union…
Alors justement, au centre de cet échec, il y a tout de même la question du trou laissé dans le budget européen par le départ du Royaume-Uni, que personne – semble-t-il – ne souhaite combler de sa poche.
Les ressources propres du budget de l’Union sont les ressources qui ne dépendent pas des contributions nationales des Etats membres. Ce sont finalement celles qui permettraient à l’UE d’avoir une certaine autonomie vis-à-vis des Etats, si celles-ci étaient plus nombreuses et plus élevées. Car, elles représentent aujourd’hui moins de 15% du budget européen. Et, la situation est tout à fait paradoxale.
Car, les mêmes Etats qui refusent d’augmenter leurs contributions au budget européen rechignent également à créer de nouvelles ressources propres pour pouvoir justement garder un contrôle sur l’Union… C’est là encore cette approche de petits comptables qui n’est pas à la hauteur des défis qui s’imposent à l’Europe. Les Etats tirent aujourd’hui à hue et à dia sur le projet européen. Prenons garde à ce qu’il ne cède pas à ces petits égoïsmes nationaux.
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