Le 15 janvier 2004, le chalutier breton Bugaled Breizh sombrait dans la Manche, à quelques kilomètres au sud du Cap Lizard. Vingt ans après, la vérité n'a toujours pas éclaté. Dans l'ouvrage Bugaled Breizh, l'enquête, le journaliste du Télégramme, Pascal Bodéré retrace des années d'enquête.
À Loctudy, dans le Finistère, le 15 janvier est un jour particulier. Un jour d'hommage.
Dans les esprits, les visages des cinq marins du Bugaled Breizh, disparus le 15 janvier 2004 suite au naufrage du chalutier breton : Yves Gloaguen, Pascal Le Floch, Georges Lemétayer, Patrick Gloaguen et Eric Guillamet.
Mais 20 ans après le drame, toujours les mêmes questions sur les origines du drame. "Il y a toujours un mystère. Le Bugaled Breizh, c'est une affaire non élucidée. Tant qu'on ne sait pas la vérité, les Bretons ont la tête dure et ils ont envie de savoir", rappelle Pascal Bodéré.
Le journaliste du Télégramme a suivi le dossier depuis le début et en a fait un livre publié en octobre 2023 aux éditions Le Télégramme, Bugaled Breizh, l'enquête. Il y retrace ses investigations menées autour des expertises, raconte les rencontres avec les acteurs du dossier.
"Chaque année, j'ai écrit une dizaine, une quinzaine d'articles depuis 2004. C'était une affaire hors-norme pour les familles des victimes, pour la justice et pour moi. Cela aura été une enquête comme un fil rouge tout au long de ma carrière", raconte le rédacteur en chef adjoint du Télégramme.
Une enquête à rebondissements entre les hypothèses défendues par des experts indépendants et celles des experts dépendants du ministère des Transports : "ceux qui défendent l'hypothèse du sous-marin et ceux qui défendent l'hypothèse de la dune de sable sont mis dos à dos. C'est une grande frustration pour les familles des victimes mais aussi les observateurs. Il n'y a pas grand monde qui se satisfait de ce jugement en France qui ne tranche pas", explique Pascal Bodéré, "donc forcément c'est une plaie toujours ouverte".
D'autant que des pièces du puzzle manquent . "Les familles des victimes ont eu beaucoup de mal à se ranger à l'idée que les Etats concernés par les exercices militaires de l'OTAN [qui devaient commencer le lendemain du naufrage du Bugaled Breizh dans cette zone ] leur avaient donné toutes les informations", raconte Pascal Bodéré.
Le secret-défense agit "comme un plafond de verre pour la justice" qui n'a pas pu aller plus loin dans certaines investigations.
20 ans après le naufrage, si du côté de la justice, il n'y a plus rien à attendre, à cause des délais de prescription qui ont expirés en juin 2022, les acteurs de ce dossier misent sur des témoignages qui pourraient émerger. "L'armateur Michel Douce lance un nouvel appel pour que quelqu'un qui était là, dans l'un des bâtiments militaires, dise vraiment ce qu'il s'est passé. Cela paraît être une des dernières quêtes des familles, [... ] que quelqu'un parle pour qu'au moins la vérité soit donnée".
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