Ce qu’il faut retenir de l’interview du président de Limagrain sur RCF

A moins de deux semaines de l’ouverture du 32^e Sommet de l’élevage à la Grande halle de Clermont-Cournon, le président de la puissante coopérative Limagrain (plus de 2 milliard d’euros de chiffre d’affaire, présente dans 57 pays) a répondu aux questions de la rédaction de RCF sur plusieurs sujets d’actualité.

 

Inflation


Dans un contexte de forte tension sur les matières premières et les prix depuis plusieurs mois, « le groupe Limagrain est stable, solide, notamment de part nos positions sur le marché des semences », explique Sébastien Vidal, qui note cependant des difficultés sur la partie distribution boulangerie/pâtisserie : « Jacquet Brossard perd de l’argent, nous n’arrivons pas suffisamment à bien valoriser les agriculteurs et les prix qui permettent de couvrir nos charges industrielles ».
 

Réchauffement climatique
 

Le groupe Limagrain s'appuie sur sa capacité à innover en sélection variétale pour apporter des solutions plus durables. « Sur la partie production, le premier levier c’est la semence. Elle apporte des solutions, mais on ne pourra répondre à toutes les problématiques », prévient Sébastien Vidal, rappelant que Limagrain dépense aujourd’hui 16% de son chiffre d’affaires en recherche. La coopérative travaille depuis plusieurs années pour améliorer l’utilisation de l'eau. Alors que le débat sur le stockage est vif actuellement (dans le Puy-de-Dôme, un collectif d’exploitants a lancé des études pour le creusement de deux des plus grandes retenues d’eau de France), le président de Limagrain estime que le stockage « est un concept qui est intéressant de regarder et de faire. Maintenant, ce sont des projets coûteux, difficilement supportables par les agriculteurs. Je préfère une politique de grands ouvrages, qui pourrait répondre à la fois à la question énergétique et aux besoins de l’agriculture ».
 

Glyphosate
 

L’autorisation du glyphosate vient à expiration en décembre au sein de l’Union européenne. Sa ré-homologation va franchir des étapes cruciales dans les prochaines semaines. « De par mes fonctions, je voyage beaucoup. La France a la chance d’avoir une agriculture les plus saines du monde. Ne nous trompons pas, l’agriculture, comme la santé humaine doit se défendre de maladies, d’insectes, et cette défense passe aussi par la chimie. L’agriculture a accompli d'importants efforts ces 15 dernières années. Ne coupons pas l’agriculture française de la totalité de cette chimie. Sinon, nous produirons beaucoup moins bien avec des problématiques sanitaires ».

Conflit en Ukraine
 

Limagrain est présent en Ukraine depuis le début des années 2000. Le groupe subit les contrecoups de la guerre déclenchée il y a maintenant un an et demi. « L’impact, il est déjà humain. Nos équipes m’étonnent toujours de part leur présence, leur motivation. Nos premières pensées vont à elles. Le business a été impacté sur place, nous avons perdu 40% de notre chiffre d’affaires » . Le projet de construction d’une usine de semences en Russie, inscrit dans le plan pluriannuel d’investissement, reste suspendu, mais « ne remet pas en cause la présence de LImagrain sur la partie russe ». Sébastien Vidal poursuit : « Notre mission est de fournir des semences. Attention tout de même, si nous venions à ne plus avoir de production agricole sur la partie russe, c’est tout l’équilibre mondial de la nourriture qui serait remis en cause aujourd’hui ».


Retrouvez ci-dessous l'intégralité de l'entretien en réécoute.