Adieu aux vacances, réveil difficile, cartable chargé : ce lundi 4 septembre, c'est jour de rentrée des classes pour les 630 000 élèves de l’Académie de Lyon. Une première journée classique, entre organisation des classes, présentation des professeurs et du programme. Focus dans ce premier épisode de Tempo sur les établissements hors contrat, ces écoles indépendantes qui ne signent pas de contrat avec l’Éducation nationale et sont libres d’établir leur programme scolaire : ces écoles sont de plus en plus nombreuses en France.
L'essor se confirme dans la région de Lyon. On trouve aujourd’hui 80 groupes scolaires hors contrat et, comme chaque année, de nouvelles écoles ouvrent leurs portes à chaque rentrée. La ville de Roanne, dans le nord de la Loire, vient de se doter d'un premier collège Montessori.
Des ouvertures de classes qui révèlent une véritable dynamique de fond, puisque le nombre d’écoles hors contrat en France a été multiplié par quatre depuis 10 ans (environ 500 établissements du genre en 2012 pour plus de 2 500 aujourd'hui, soit 100 000 élèves, selon le décompte de la Fondation pour l'école, qui accompagne les projets d’ouverture d’écoles depuis 25 ans).
Parmi eux, beaucoup de pédagogies alternatives, qui promeuvent le développement personnel de l’enfant à travers le jeu et l’expérience.
Souvent, l'inspiration vient de l'étranger, comme ces forest school suédoises. Dans le Rhône, un établissement de ce genre existe depuis un an : à Saint-Martin-en-Haut dans les monts du Lyonnais, l'école Les voies de la forêt accueille une vingtaine d’élèves de maternelle et primaire. Les enfants passent toute leur journée dans une forêt privée et clôturée, avec deux salles de classe pour les journées pluvieuses. C'est, à ce jour, la seule forest school hors contrat dans la région de Lyon.
D'autres écoles récemment ouvertes mettent la bienveillance et la communication non-violente au centre de leur pédagogie. Au collège Déclic, ouvert en 2019 dans le 8e arrondissement de Lyon, les collégiens consacrent leurs après-midi à des activités pour développer leurs capacités et leurs savoir-être : sports collectifs, ateliers scientifiques, arts créatifs, ou encore théâtre, grands jeux coopératifs et permaculture.
Et puis il y a un autre modèle d'école qui a le vent en poupe, celles qui promeuvent le retour à des méthodes éducatives « traditionnelles » : dictée quotidienne, méthode syllabique pour l'apprentissage de la lecture, analyse grammaticale. Certaines familles déplorent que ces procédés ont été délaissés par l’enseignement public ou privé sous contrat.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les écoles confessionnelles sont plutôt minoritaires parmi les hors contrat (environ un quart des écoles selon la Fondation pour l'école). Toutefois, cette tendance est difficile à mesurer : les diocèses mettent plusieurs années, parfois une décennie, avant de reconnaître officiellement ces écoles. Ils préfèrent prendre le temps de voir si l'école fait ses preuves.
Baisse du niveau général, grèves à répétition, recherche de plus petites structures et d'effectifs réduits, arrivée de « l'idéologie » à l'école, voilà une partie des raisons qui poussent certains parents à claquer la porte du sous-contrat.
Des motivations qui se doivent d'être solide, puisque l'arrivée d'un enfant en hors contrat est un investissement financier (ces écoles ne reçoivent pas de subventions de l’État) et humain : non dotées en cantine, ces établissements impliquent que les parents préparent les repas du midi pour leurs enfants.
Parmi les nouveaux profils de parents qui se tournent vers les écoles hors contrat, il y a ceux qui pratiquaient l’instruction à domicile, qui est désormais soumise au régime de l’autorisation depuis la loi contre le séparatisme de 2021 : il devient plus difficile de pouvoir faire l’école à la maison. En parallèle, de plus en plus d’enfants victimes de harcèlement trouvent refuge dans ces établissements.
Pour ses opposants, ils ne sont pas suffisamment contrôlés : l'essor de ces lieux d'éducation suscite aussi une levée de bouclier depuis de nombreuses années. L'ancienne ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem en avait fait son cheval de bataille : en 2016, elle demandait un régime d’autorisation préalable pour l’ouverture de ces écoles, demande refusée par le Conseil constitutionnel et par la droite. Aujourd'hui, ce combat continue pour les opposants aux écoles indépendantes, qui voient dans cette tendance à la hausse une polarisation encore plus importante de la société française et une stigmatisation de l’Éducation nationale.
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Dans cet épisode :
- Anne-Françoise de Saint-Albin, responsable du pôle développement et communication de la Fondation Pour l'École
- Anne Durand, co-fondatrice du collège Déclic
- Nolwenn de Belloy : cette mère de famille lyonnaise, pour qui la foi dépasse le domaine du catéchisme, a inscrit son quatrième et dernier enfant en primaire hors contrat à Francheville, à l'école confessionnelle catholique Sainte-Jeanne d'Arc
- Anne Coffinier, principale porte-parole et défenseuse en France des écoles indépendante, fondatrice de l'association Créer son école
- Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche de 2014 à 2017
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