Depuis le début de la crise sanitaire, de nombreux secteurs souffrent, comme la restauration, la culture, l'événementiel, ou encore le tourisme. Mais au milieu de cette morosité ambiante, il y a aussi des entreprises qui vont bien, voir encore mieux. On peut penser aux vendeurs de savons et de gel hydroalcooliques, mais aussi au secteur de la livraison.
Avec les multiples confinements, le couvre-feu, les fermetures de magasins, les consommateurs achètent beaucoup en ligne et se font livrer leurs produits. La CMA CGM, le leader mondial du transport maritime, dont le siège est à Marseille, en a vu les effets. "Le groupe est dans une industrie qui a eu de la chance durant cette période parce qu'on a réussi à continuer à exporter et importer. Le commerce mondial a continué à fonctionner", explique Rodolphe Saadé, son PDG.
Ces effets positifs ne concernent pas que les grands groupes. "On constate que certains secteurs sont favorisés comme l’aménagement paysagé, le bâtiment, le transport rapide, le numérique. Certains secteurs sont plutôt favorisés", affirme Lionel Canesi, le président de l’ordre national des experts comptables. Ces professionnels accompagnent les entreprises, et voient bien celles qui sortent la tête de l’eau.
L’innovation a aussi été favorisée. Prenons l’exemple de Vinovae, une entreprise lyonnaise en plein boom. Elle propose aux professionnels du vin de mettre leur produit dans des échantillons. Un concept qui a mis un peu de temps à prendre mais la crise a provoqué un vrai besoin. "Ce qui est assez marrant avec le recul c’est que beaucoup de personnes disent qu’ils n’auraient pas mis leur vin et ils changent d’avis. On sent cette transition. Il y a quatre ans, on nous disait que notre produit c’est l’avenir et là avec la crise, beaucoup doivent se réinventer en envoyant des échantillons dans le monde", estime Tristan Destremau, do-fondateur de Vinovae.
Des entreprises utilisent la force de l’innovation pour parier sur l’avenir. C’est le cas de Next Blue Tech, une entreprise provençale qui fabrique des trottinettes de mer, une grosse planche avec un guidon et un moteur électrique. Next Blue Tech vient de s’installer dans un atelier trois fois plus grand à Aubagne, avec une dizaine d’embauches supplémentaires à la clé. "C’est clairement un pari. On a vu l’an dernier un engouement très fort pour nos produits. Entre le mois de mars et le mois de mai, on a vendu 100 unités. On investit beaucoup en temps et en argent", assure Yannick Penneçot, son directeur technique.
Mais gare aux faux espoirs, la crise pourrait changer fondamentalement les habitudes. C’est en tout cas la mise en garde de Lionel Canesi, le président de l’ordre national des experts comptables. "Il faut réfléchir à l’avenir et ne pas croire que le monde d’avant va vite revenir", prévient-il.
Un paradoxe demeure : des entreprises en bonne santé vont recevoir des aides de l’État. C’est le cas de Luxor Lighting, une société basée à Angoulême. Elle conçoit des systèmes d’éclairage pour les voitures. Un marché au beau fixe. Seulement, comme elle fait partie du secteur de l’automobile, l’entreprise bénéficie du plan France Relance. "Je vais profiter du système qui va me permettre de faire progresser mon activité. Soutenir les entreprises comme les nôtres, j’espère que j’arriverai à payer des impôts qui permettront de rembourser ce qui m’a été donné", assure Patrick Scholz, PDG de Luxor Lighting.
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