Un procès historique s'ouvre ce mercredi au tribunal de Paris : celui des attentats de Charlie Hebdo, de l'Hyper Cacher, à Paris, et de Montrouge survenus en janvier 2015 et qui avaient causé la mort de 17 personnes. 14 accusés doivent comparaître devant une cour d'assises spéciales. Ils seront entendus sur leur éventuelle complicité avec les assaillants Saïd et Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly. Les terroristes avaient été abattus juste après les attentats. Certains accusés leur auraient fourni du matériel et des armes. Trois personnes sont toutefois absentes dans le box. Il s'agit d'Hayat Boumeddiene, la veuve d'Amedy Coulibaly, probablement en cavale en Syrie, et des frères Belhoucine, dont la mort n'a pas été confirmée.
C'est un procès très attendu pour les victimes, qui auront pour certaines la possibilité de s'exprimer pour la première fois depuis cinq ans. La Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (FENVAC), une des 200 parties civiles, accompagnera les victimes dans ce procès. Certaines n'ont jamais eu affaire à la justice auparavant . "Ça peut être impressionnant, d'autant plus quand vous êtes personnellement impliqué et que vous essayez de guérir un traumatisme depuis des années", explique la directrice de la FENVAC Sophia Seco. Elle épaulera les victimes et prendra des notes pour celles qui n'assiteraient pas à la totalité des audiences.
Le procès sera à ce point hors-norme que le parquet national antiterroriste a demandé à le filmer entièrement. 5 caméras seront installées dans la salle d'audience pour constituer des archives. Une dérogation à l'interdiction d'enregistrer les audiences est possible quand elles représentent "un intérêt pour la constitution d'archives historiques de la justice". Pour le réalisateur et historien Christian Delage, filmer le procès est nécéssaire tant les attentats ont concerné tous les Français. "Un procès en démocratie est public et par cette transparence, cela signale l'équité des débats", assure l'historien.
Mais cette forte tension autour de ce procès très attendu ne doit pas perturber l'équilibre du procès, selon l'avocat Stéphane Maitre, qui n'intervient pas dans ce dossier. Selon lui, "toute réponse souple pourrait être interprétée comme du laxisme alors qu'en réalité il s'agirait d'appliquer l'exigence légale de la démonstration d'une connaissance qu'avait le complice du but final de l'opération". La cour devra donc trancher sur la question de cette complicité entre les accusés et les assaillants. Les terroristes décédés, la tentation pourrait être grande pour les juges de reporter les attentes de l'opinion publique sur les complices. Certains encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès va durer jusqu'au 10 novembre.
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