La plupart des syndicats ont plutôt bien accueilli ce texte, à l’exception de la CGT. Il doit permettre au président de la République d'avancer rapidement en matière de réforme du Code du travail. Vue la mobilisation contre la loi El Khomri, on aurait pu s’attendre pourtant à ce que les syndicats soient vent debout contre ce projet de loi d’habilitation permettant la réforme par ordonnances du Code du travail, qui veut aller plus loin que la précédente réforme.
Exception faite donc de la CGT, la presse parle jeudi matin d’un accueil plutôt bienveillant de la part des grandes centrales, dont Force ouvrière. "Depuis plusieurs semaines nous sommes dans une phase de concertation avec le gouvernement. Ce que nous n’avions pas eu à l’époque d’ailleurs sur le projet de loi travail. Nous avons à ce stade obtenu le recul sur un certain nombre de points, importants à nos yeux. Ce que nous constatons à propos de ce projet de loi, c’est l’importance donnée aux branches et la possibilité de négocier des accords pour les conventions collectives. Il y a des points sur lesquels nous sommes favorables, et d’autres non" explique Marie-Alice Medeuf-Andrieu, secrétaire confédérale FO en charge du secteur convention collectives.
Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, a salué mercredi une vraie concertation. Il a indiqué qu’il n’est pas opposé au plafonnement des indemnités prudhommales et aux contrats de chantier, mais sous certaines conditions. "Il ne faut pas que les entreprises utilisent ces mesures pour fragiliser les salariés" précise la déléguée FO.
Concernant la fusion des instances représentatives du personnel, qui prévoit la fusion des délégués du personnel et du CHSCT, le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, Force ouvrière s’y oppose. Cette mesure aurait pour principale condition de réduire l’influence des syndicats au sein des entreprises, car cette nouvelle instance pourra désormais négocier, ce qui est pour l’instant du ressort des délégués syndicaux.
Autre point important, la réforme a pour but de simplifier les licenciements, de les rendre moins chers. Par ce biais-là, le gouvernement veut relancer l’embauche. "Ce n’est pas la solution. Ce n’est pas en favorisant le licenciement que l’on va créer des emplois. Ce n’est pas non plus aux salariés de payer les difficultés à l’embauche dans les entreprises" précise la secrétaire confédérale FO en charge du secteur convention collectives, qui explique que Force ouvrière n’est pas favorable au fait de donner plus de libertés aux entreprises pour faciliter les licenciements.
La possibilité pour le gouvernement de légiférer par ordonnances pourrait enfin restreindre l’action des syndicats dans le débat. "Nous attendons de voir les ordonnances et à ce moment-là, nous agirons en conséquences. L’heure n’est pas à la mobilisation. Pour l’instant nous essayons de faire en sorte que la concertation fonctionne et que nous puissions être entendus" conclut Marie-Alice Medeuf-Andrieu.
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