Collection, collectionner, collectionneur, voilà des mots qui sont aujourd’hui souvent à l’honneur. Et chaque fin de semaine, par exemple, on voit force collectionneurs arpenter les brocantes à la recherche d’objets pouvant compléter leur colllection de nature très variée. Mais en définitive, depuis quand ces mots existent-ils ? C’est ce que nous allons essayer de découvrir…
En vérité, on est tout d’abord surpris par la première définition du mot « collection », par Richelet, en 1680 : « Collection : Plusieurs choses qu’on a recueillies. » Dans un premier temps on croit que le sens n’a donc pas changé mais voici une remarque qui nous ébranle : « Le mot de collection n’est guère en usage. On dit ordinairement en sa place recueil ! » Là, on se dit que le mot n’avait peut-être pas tout à fait le même sens que celui des XXe et XXIe siècles : quelles sont en effet ces « choses réunies » ? La réponse, est donnée dans le dictionnaire de l’abbé Furetière, paru dix ans plus tard : « Collection : Recueil qu’on fait des plus beaux passages qu’on trouve dans les auteurs ». On se fait alors la remarque qu’aujourd’hui on dirait florilège. Et de préciser qu’il s’agit du « recueil …des endroits qui servent à quelque dessein qu’on a entrepris ». Il faut comprendre par le mot endroits, passages des livres, ce que confirme l’exemple : « Il est fort utile aux jeunes gens de faire beaucoup de collections pour soulager leur mémoire ». On est ici en fait du côté de la prise de notes.
Enfin, une dernière définition nous ramène dans le monde de l’édition : « Collection se dit aussi d’un recueil, d’une compilation de plusieurs ouvrages. Ce Libraire a fait imprimer la Collection des ouvrages d’Érasme, de Cardan, de Gassendi, le Spicilegium du Père d’Achery est une collection de plusieurs pièces curieuses de l’antiquité. »
Le mot collectionneur est de fait entré en français en 1371, il vient du latin collectio, action de réunir, issu du verbe colligere, réunir. Il se prononçait différemment autrefois : Littré signale encore qu’on peut dire co-lè-ksion, comme aujourd’hui, ou col-lè-ksion, en dédoublant en quelque sorte le l. Et le mot collectionneur est tardif, il ne date que de 1828, avec le sens d’aujourd’hui, et ce n’est qu’en 1840 qu’apparaît collectionner. J’en déduis qu’avant 1840 n’existait pas de collectionneur de dictionnaires… Quelle tristesse !
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !