Le 19 mars 1962, un cessez-le-feu met fin à la guerre d’Algérie. Quelques semaines plus tard, les accords d’Évian consacrent l’indépendance. Des centaines de milliers de pieds-noirs et d’Algériens commencent à fuir par bateau. Arrivés d’abord à Marseille, certains vont trouver refuge à Lyon. 25 000 rapatriés s’installent en région lyonnaise la même année. Un raz-de-marée. Une grande partie d'entre eux vont s'installer dans des logements neufs dans quartier de la Duchère, dans les grands ensembles à peine sortis de terre.
Il est discret et pourtant, il est le lieu de la mémoire de milliers de personnes. Un monument aux morts d'Oran, rapatrié à la Duchère à Lyon en 1968, porte fièrement deux statues qui représentent des soldats de la Première Guerre mondiale. Il fut installé dans le sous-quartier de Balmont où résidaient, à l'époque, de nombreux rapatriés d'Algérie.
À cette époque, on estime qu’un tiers des habitants du quartier de la Duchère sont des rapatriés d’Algérie. Beaucoup d’entre eux sont originaires de la ville d’Oran et sont partis pendant cette même année 1962, dans la foulée de l’indépendance algérienne. En tout, 25 000 personnes ont posé leurs valises dans la région lyonnaise.
C'est dans ce contexte que le maire de la ville, Louis Pradel, décide de négocier avec les autorités d'Oran pour récupérer ce monument aux morts et rendre hommage aux nouveaux habitants de la Duchère. Une initiative singulière, dans un climat explosif entre les deux pays, qui a pourtant été mené sans embuche. Le rapatriement de l'œuvre, entièrement financé par l'homme d'affaires lyonnais Napoléon Bullukian, s'est déroulé à la fin de l'année 1967.
La ville de Lyon s’était déjà rapprochée de la ville d’Oran dans le cadre d’un projet de jumelage dans le courant des années 50. Un projet lié à l'histoire personnelle du maire de l'époque, Édouard Herriot : ses parents ont habité à Oran et ils y étaient alors enterrés. Leurs cendres ont d'ailleurs été rapatriées en France en même temps que le monument aux morts d'Oran, sur demande de l'association des Amis d'Édouard Herriot. Une histoire peu connue, et racontée dans l'ouvrage La Duchère, une histoire au futur (éditions Libel).
Dans les années 50, Lyon traverse une grave crise du logement. Entre le manque d'appartements vides et les habitations insalubres, c'est le début des grands travaux de construction. Le quartier de la Duchère, ancien terrain militaire, se transforme en milliers de logements répartis dans des barres et des tours.
Un nouveau quartier moderne avec des appartements confortables construits en un temps éclair. « Il y a plein d'anecdotes là-dessus : des logement pas finis, des portes de placard pas posées, des radiateurs pas accordés, n'empêche que c'était un confort pour l'époque exceptionnel », précise le co-auteur de La Duchère, une histoire au futur Pierre Gras.
Face à l'arrivée des rapatriés d'Algérie, Louis Pradel, avec l'accord de l'État, décide de consacrer 30 % des nouveaux logements duchérois aux nouveaux arrivés. Le quartier avait été conçu pour les Lyonnais mal logés et les plus déshérités, ce sont les pieds-noirs et les Algériens qui deviennent la communauté majoritaire à la fin des années 60.
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