Avec seulement 516 vaccinations effectuées lundi, la France accuse un retard considérable et le gouvernement tente d'accélérer les choses.
Depuis plus d’une semaine, la campagne de vaccination contre le Covid-19 en France défraie la chronique. Dans les faits, de nombreux élus, médecins et spécialistes critiquent la lenteur et la stratégie de ladite campagne qui s'étale en trois phases. En cinq jours, la France n’a vacciné que 516 personnes, alors que dans le même temps l’Allemagne a effectué plus de 230.000 injections et que le Royaume Uni qui a débuté ses opérations le 8 décembre frôle le million de vaccinés.
Lundi soir, Emmanuel Macron a réuni en urgence, entre autres à l’Elysée, le Premier ministre ainsi que le ministre de la Santé pour changer de braquet. Olivier Véran s’est d’ailleurs exprimé, lundi, afin d’annoncer que la vaccination allait s’accélérer. Objectif : parvenir à vacciner un million de Français à la fin février.
Pour l’épidémiologiste, Catherine Hill, il faut aller vite et vacciner en priorité ceux qui le souhaitent, c’est à dire pas seulement les personnes en EHPAD et les soignants de plus de 50 ans comme le prévoit la première phase. "Il faut vacciner tous les gens qui veulent être vaccinés avec un ordre de priorité claire. Il ne faut pas s’énerver avec ceux qui ne veulent pas se faire vacciner. Ils font ce qu’ils veulent", explique-t-elle.
Jusqu’à présent, pour justifier sa cadence de vaccination, le gouvernement a longtemps mis en exergue qu’il lui fallait convaincre les Français, souvent rétifs, des vertus du vaccin Pzfier-BioNtech. Plus de 60% des Français déclarent ne pas vouloir se faire vacciner, parfois par crainte. "On a des retours à chaque consultation. Les questions des personnes âgées portent sur l’efficacité et le danger du vaccin. On répond à ces questions de nos patients", témoigne Jacques Battistoni, président du syndicat national des généralistes de France.
Le gouvernement pourrait augmenter le nombre de vaccinations, mais déjà faut-il avoir des doses. La semaine passée, la France n’avait reçu que 19.500 doses. A partir de cette semaine, ce sont 500.000 doses qui arriveront de manière hebdomadaire. De quoi vacciner en masse, au moins un maximum de personnes, quitte à rallonger le laps de temps avec de la seconde dose, initialement de trois semaines, à deux mois. Cette stratégie pourrait ralentir le virus. "Si on a de quoi vacciner 100.000 personnes, est-ce que c’est intelligent de vacciner ces 100.000 personnes et de garder 100.000 autres doses ou de vacciner 200.000 personnes ? C’est une stratégie raisonnable", souligne Catherine Hill.
Pour la seconde phase, prévue début février et la suivante au printemps, le gouvernement envisage de s’appuyer sur des centres de vaccination en ville mais aussi sur les généralistes. "Notre rôle reste celui de convaincre. Notre rôle c’est de nous assurer que chaque patient qui voudra se faire vacciner puisse trouver un endroit où se faire vacciner", affirme Jacques Battistoni.
Les vaccins suffiront-ils à endiguer la pandémie ? Les avis divergent sur cette question. Depuis le début, Catherine Hill défend l’idée qu’une véritable stratégie de dépistage massif de la population doit accompagner la vaccination : "Tout a été catastrophique depuis le début. Cela alimente la défiance, tout ce cafouillage, tous ces ordres et ces contre-ordres".
Selon la majorité des experts, il faudrait atteindre de l’ordre de 5 millions à 10 millions de personnes vaccinées d’ici à la fin mars pour voir un premier impact sur la circulation du virus. Et la moitié de la population fin juin pour espérer ensuite passer un été 2021 plus paisible.
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