La réforme de la chasse envisagée par le chef de l’Etat serait l’une des raisons qui ont poussé Nicolas Hulot à baisser les armes et à quitter le gouvernement. Il faut dire qu’Emmanuel Macron a, à plusieurs reprises affiché son soutien à la pratique de la chasse.
On peut dire que cette réforme constitue un joli trophée pour les chasseurs. Ils ont ainsi obtenu la baisse du prix du permis national de chasse. Il coûtait jusqu’à présent 400 euros par an. Désormais ce sera 200 euros, soit moitié moins cher. Pour comparaison le prix d’un permis départemental varie de 119 à 250 euros et ne permet au chasseur de ne chasser que dans un seul département. L’objectif de cette mesure est donc de rendre la chasse accessible partout en France.
Seuls 8% des chasseurs seraient aujourd’hui titulaires d'un permis national. C’est la mesure qui fâche le plus les protecteurs de la nature. Le gouvernement veut opter pour une "gestion adaptative des espèces d'animaux chassés”. Il faut savoir qu’aujourd’hui il existe des moratoires de chasse qui sont imposés pour ne pas mettre en danger certaines espèces.
Cette “gestion adaptative” permettrait d’adapter ces moratoires à la réalité des populations d'animaux. mais la Ligue de protection des oiseaux craint au contraire que cette mesure ne mette en danger les espèces. Si du côté de la LPO, cette “gestion adaptative” est vue d’un mauvais oeil, pour les chasseurs cette mesure ne fait que confirmer ce qui peut être fait dans la pratique. Et si les moratoires pourraient être assouplis, la réforme de la chasse prévoit aussi la mise en place d’une police rurale et environnementale qui serait chargée de faire appliquer la réglementation.
Par ailleurs, le prélèvement de gibier serait nécessaire à la régulation des populations, comme les sangliers par exemple. C’est l’un des arguments des chasseurs. Encore faut-il jouer le jeu. Aujourd'hui, les agriculteurs ont justement dans le collimateur, certes les sangliers, mais aussi les chasseurs. Les agriculteurs reprochent aux chasseurs de ne pas réguler correctement la population de sangliers qu'ils accusent de détruire leurs champs.
Aujourd’hui, 90% des dommages agricoles causés aux cultures et forêts par le grand gibier, les sangliers mais aussi les cerfs et les chevreuils, sont concentrés sur 15 % du territoire national. Pour y faire face un comité de lutte contre les dégâts de gibier a été instauré jeudi 6 septembre dernier.
Si la gestion des plans de chasse relèverait bien des fédérations départementales de chasseurs, en cas de “défaillance" de leur part, le préfet aurait la possibilité de déclencher des battues administratives à la charge des fédérations. On estime aujourd’hui le nombre de sangliers à 4 millions d'individus.
On l'aura compris. Emmanuel Macron défend les chasseurs. Au delà d’une sympathie pour la pratique de la chasse, on peut déceler derrière ce geste un calcul électoral. Le chef de l'Etat compterait notamment sur eux pour les prochaines élections européennes.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !