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Comment le gouvernement tente de sauver les secteurs clés de l'économie française

Un article rédigé par Clotilde Dumay - RCF,  - Modifié le 1 juillet 2021
Le dossier de la rédactionComment le gouvernement tente de sauver les secteurs clés de l'économie française
Le gouvernement a validé mardi 2 juin dernier le prêt de cinq milliards d’euros garanti par l’Etat au groupe Renault.
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Les plans d'aide se succèdent

Depuis le début de la crise liée à l’épidémie de coronavirus, c’est un peu "Qui veut gagner des millions ?". Pas une semaine ne passe sans que le gouvernement n’annonce de nouvelles aides financières. Un jour pour l’aéronautique, le lendemain pour le tourisme, puis après l’automobile. A tel point qu’on en vient à se poser cette question : où le gouvernement prend-il tout cet argent, et qui va réellement payer à l’arrivée ?

Il y a eu récemment le prêt accordé à Renault, mais on n'oublie pas le prêt de sept milliards d’euros accordé à Air France. Et puis un plan de relance de 18 milliards d’euros pour le tourisme. Et un autre de huit milliards pour la filière automobile. Sans compter les prêts garantis par l’Etat aux autres entreprises, ou les plus de 20 milliards d’euros déjà dépensés pour financer le chômage partiel. Bref, dès le début de l’épidémie, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont prévenu : le gouvernement sortira de la crise, quoi qu'il en coûte.
 

Les finances de l'Etat plombées par la crise sanitaire

Cette politique du "quoi qu’il en coûte" a forcément chamboulé les comptes de l’Etat. Les besoins de financement ont été revus à la hausse depuis le début de la crise : on est passé de plus de 230 milliards d’euros dans le projet de loi de finance initiale, à plus de 324 milliards d’euros désormais. Forcément, cela a donc aussi eu pour effet d’augmenter le déficit : il devrait atteindre 220 milliards d’euros cette année, soit 50 milliards de plus que le chiffre inscrit dans le budget rectificatif présenté début avril par le gouvernement. La dette publique, quant à elle, pourrait dépasser les 115% du PIB à la fin de l’année, alors qu’elle en était "seulement" à 98% en 2019. Tout simplement parce que pour trouver de l’argent, et bien l’Etat s’endette. C’est ce qu’explique Bruno Ducoudré, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.
 

La planche à billets continue de tourner

Si les taux d’intérêt sont bas, et que la demande de titres de dette ne diminue pas, c’est en partie, selon Bruno Ducoudré, grâce à la Banque centrale européenne, la BCE, qui a annoncé qu’elle débloquerait au moins 750 milliards d’euros supplémentaires pour racheter de la dette.

Pour résumer, la BCE achète des titres de dette à des banques commerciales et comme la BCE leur donne de l’argent, ces banques peuvent continuer à prêter aux Etats ou aux entreprises. On pourrait donc croire que c'est la BCE qui s'endette sauf qu’en fait, la Banque centrale européenne, peut créer autant d’argent qu’elle veut, c’est ce qu’on appelle "faire marcher la planche à billets". Tant qu’elle fait cela, elle n’est pas en faillite. En revanche, les Etats, eux, sont bien censés la rembourser. Mais dans les faits, on pourrait envisager d’autres hypothèses après cette crise, d’après Bruno Ducoudré, comme l'annulation de la dette.
 

Annuler la dette, chiche ?

Sur cette dernière hypothèse, les économistes sont divisés : certains pensent que c’est possible, mais d’autres estiment que cela aurait malgré tout des conséquences sur des acteurs économiques, et notamment sur les épargnants. En revanche, l’idée de ne pas faire rembourser les Etats et de laisser la BCE conserver indéfiniment cette dette en injectant de l’argent, cela pourrait être une solution, d’après Patrick Artus, le chef économiste de la banque Natixis, et auteur notamment du livre intitulé "40 ans d’austérité salariale : comment en sortir ?". Même si selon lui, cela pourrait créer de l’inflation, puisqu’on injecte beaucoup d’argent dans l’économie, notamment au niveau du prix des actifs, et donc en partie des biens immobiliers.

Selon Patrick Artus, ce serait la solution la moins pire, puisque ce serait ça ou choisir d’augmenter les impôts pour réduire la dette. Mais dans tous les cas, ces milliards d’euros dépensés auront donc très certainement des répercussions, d’une manière ou d’une autre, sur les ménages.

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