La semaine dernière, l'Université catholique de Lille a organisé la deuxième rencontre nationale de théologie pratique. En question, l’Eglise et ses métiers et plus précisément la mission, la formation et les compétences des laïcs qui travaillent dans les diocèses, paroisses, hôpitaux ou instituts catholiques. Combien sont-ils ? Quelles sont leurs missions ? Quels sont leurs statuts ? Comment l’Eglise gère-t-elle ses ressources humaines ? Est-elle une entreprise comme les autres ?
Il existe aujourd’hui en France 12 000 laïcs en mission ecclésiale. Et 10 000 d’entre eux sont salariés. Ce qui ne signifie pas pour autant que le nombre de bénévoles se limite à 2 000. Car il est difficile pour l’Eglise de quantifier le nombre de personnes bénévoles investies dans les paroisses, et les services des diocèses en raison de la variété de propositions et d’engagements.
Les laïcs recensés sont ceux qui recoivent une lettre de mission, qui précise leur fonction précise, auprès de qui cette mission s'exerce, leurs partenaires, et la personne nommée pour évaluer cette mission. Une responsabilité donnée pour une durée déterminée et renouvelable.
Il faut d'ailleurs distinguer deux catégories de laïcs. Il y a d’abord ceux qui sont embauchés pour des tâches administratives. Le recrutement est alors classique, il se fait en fonction des compétences de la personne pour le poste. Et puis il y a les personnes "appelées" par l’Eglise pour une mission pastorale.
"Appelées", car il ne s’agit pas là d’une procédure de recrutement classique mais bien de laïcs repérés par d’autres pour leurs compétences, leur investissement, et qui pourraient en raison de leur engagement répondre à un besoin de l’Eglise en matière pastorale. Des laïcs appelés à discerner et qui auront ensuite soit un statut de salarié soit un statut de bénévole. L’Eglise a donc ses particularités dans son recrutement et dans son fonctionnement. Une spécificité qui ne doit pas se faire au détriment d’outils RH. C’est la conviction de Denis Coupat, directeur des Ressources Humaines du diocèse d’Annecy.
Dans ce domaine, il y a bientôt deux ans, le 8 février 2016, la création d’une branche professionnelle des salariés de l’Église était validée par la signature d’un accord de méthode. Cette démarche, lancée par l’épiscopat en 2015, devrait aboutir à la fin de cette année et permettre aux 10 000 employés concernés de bénéficier de règles communes. Pour Isabelle Prin-Vivien, coach et formatrice en management et accompagnement du changement, cette branche professionnelle va constituer une petite révolution dans l’Eglise.
Du côté des laïcs engagés dans l’Eglise, on se réjouit que petit à petit les choses changent, que la question de la gestion des RH soit enfin posée et que vocation rime désormais avec formation. C'est ce qu'explique Véronique Goubert, déléguée diocésaine pour les laïcs en mission ecclésiale dans le diocèse de Nanterre.
L’Eglise avance doucement dans la gestion de ses ressources humaines. Une branche professionnelle va bientôt voir le jour pour ses 10 000 salariés. Et puis il existe des organismes spécialisés, comme la Didragme de l’université catholique de Lyon. Cet organisme propose des formations spécialisées dans la gestion RH, le management pour l’ensemble des diocèses et congrégation religieuses.
Isabelle Prin-Vivien intervient dans le cadre de cette formation, et rappelle en quoi l'Eglise est différente d'une entreprise traditionnelle. Un point sur lequel s'accord le père Pierre-Yves Pecqueux, bien conscient de la marge de progression de l'Eglise dans ce domaine.
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