Deux mois après le début de la grogne des Gilets jaunes et alors que commencent les soldes d’hiver, focus sur l’impact de ce mouvement sur l’économie du pays.
L’INSEE, l'institut national de la statistique, a estimé que la crise coûtera 0,1 point de PIB à la France. La Banque de France est un peu plus pessimiste et pense que ce sera plutôt 0,2 point qui sera à soustraire de la production intérieure brute. Une chose est sûre, les secteurs les plus touchés sont le commerce et la restauration. Mais il ne faut pas s’y méprendre, le mouvement des Gilets jaunes n'a fait qu’ accélérer une situation économique déjà bien fragile. C'est ce qu'explique Thierry Millon, directeur des études de la société Altarès.
C’est dans le secteur du bâtiment que se sont fait ressentir en premier lieu les effets de ce contexte économique morose, mais la crise des Gilets jaunes, qui a démarré le 17 novembre dernier, n’a pas arrangé les choses pour l’activité économique. Le secteur de l’habillement, l’alimentaire, la restauration, les prestations de service à la personne comme les coiffeurs ou les instituts de beauté ont payé le prix fort de cette crise.
On ne parle pas ici des commerces de centre ville mais ceux qui sont situés en périphérie, dans des zones commerciales ou dans de petites villes et villages cernés par les ronds points occupés. Ces commerces qui font une partie de leur chiffres d’affaire le samedi perdent de l’argent, certains ont même dû mettre la clé sous la porte.
Selon la ministre du travail Muriel Pénicaud, la crise des Gilets jaunes a entraîné le chômage partiel pour 58 000 salariés. Illustration dans l'Isère, où un chef d’entreprise subi cette crise. Arnaud Millet a ouvert un restaurant situé au bord de la nationale 7 vers Chanas. Son établissement est cerné par les Gilets jaunes, il peine à faire le plein de couverts et est inquiet pour l’avenir.
Le secteur de l’habillement souffre également de cette crise. Le marché est en recul depuis dix ans. 15.000 magasins ont fermé entre 2012 et 2016. Et la crise des Gilets jaunes rend la situation encore plus critique. Eric Mertz, président de la Fédération nationale de l’habillement, représente les commerces indépendants, soit 35.000 entreprises qui constituent 60% du marché. 90% d’entre elles ont moins de dix salariés. Pour ce responsable, joint par Pauline de Torsiac, c’est un peu la double peine.
Eric Mertz a rendez-vous le 16 janvier prochain avec Bruno Le Maire. Le président de la Fédération Nationale de l’habillement va lui demander la création d’un fonds d’urgence pour la trésorerie de ces TPE, porté par la Banque publique d’investissement et un guichet unique pour faciliter les démarches des commerçants. L’Alliance du commerce appelle pour sa part à un report des charges fiscales et sociales. Il s’agit avant tout de rassurer les consommateurs pour que l’activité reprenne.
Selon un récente étude de l’INSEE, la confiance des ménages en France a lourdement chuté en décembre. L’indicateur qui synthétise cette confiance perd 4 points par rapport à novembre et atteint 87. C’est son plus bas niveau depuis novembre 2014. Une confiance en berne et des Gilets jaunes déterminés à poursuivre leur mouvement. L’acte IX aura bien lieu samedi 12 janvier à Paris et en province. C’est dans ce contexte que 19 intellectuels catholiques lancent un appel à un nouveau catholicisme social. Cet appel intervient à la veille du lancement la semaine prochaine du grand débat national voulu par Emmanuel Macron.
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