Alors que le gouvernement a fait de la santé mentale sa grande cause nationale pour l’année 2025, le nombre de professionnels manque en France. C’est notamment le cas des psychiatres. Pour motiver les étudiants en médecine à se lancer dans ces études, Strasbourg accueille le vendredi 31 janvier 2025 les nuits de la psychiatrie.
L'événement est d'envergure nationale. Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Tours, Paris.. et Strasbourg, participent à la dynamique des ‘Nuits de la psychiatrie’. Chacune de ces villes a été retenue pour son identité universitaire. Au programme, des rencontres entre étudiants en médecine, internes en psychiatrie et psychiatres. L’idée a germé au sein du Collège National des Universitaires de Psychiatrie, avec la complicité des étudiants en psychiatrie, suite à un constat : le nombre de futurs psychiatres est en déclin en France. Une préoccupation d’autant plus forte que selon l’OMS (l’Organisation Mondiale de la Santé), un Français sur cinq sera touché dans sa vie par des troubles psychiques ou une maladie mentale.
Alors que la situation est bien connue au niveau national, c’est la première fois que cette tendance s’observe en Alsace, territoire jusque-là relativement épargné. Des postes d’internes en psychiatrie sont désormais vacants dans les deux départements. Pour comprendre le phénomène, il faut jeter un œil du côté des études de médecine. Découvrir la spécialité psychiatrique relève d’une démarche active de l’étudiant. Or, le manque d'intérêt prime dans les amphis. Pire, la psychiatrie endosse l’image d’un cursus sans noblesse, parce que moins sélectif, au même titre que la biologie, la santé publique ou encore la médecine du travail. Pourtant, 100% des étudiants en médecine considèrent la psychiatrie comme essentielle à notre société. Des convictions que l’on retrouve en miroir dans la société française, encore frileuse face aux métiers de la santé mentale.
Comme le déplore Laurence Lalanne, psychiatre et chef du service d’addictologie au CHU de Strasbourg, ce désintérêt des étudiants traduit surtout leur méconnaissance de la profession. Par exemple, en début de parcours, il n’est pas rare de rencontrer des étudiants qui ne connaissent pas la différence entre les psychologues et les psychiatres. Pourtant, le métier à de nombreux avantages, à commencer par ‘l’approche humaine, un lien aux patients spécifique et sur le long terme’. L’une des pistes pour renforcer l’attractivité de la spécialisation est donc de déconstruire les préjugés des futurs médecins, en amont de ceux des patients. Une grande campagne d’information intitulée ‘Choisir psychiatrie’ a été lancée par le Collège National des Universitaires de Psychiatrie. Elle rappelle la diversité du métier, dans lequel la recherche à toute sa place. Bien loin du patient allongé sur un divan et du psy mutique et isolé, elle promeut l’image d’une profession dynamique et ancrée profondément dans les enjeux de la société contemporaine. Elle rappelle aussi que ‘Choisir la psychiatrie, c’est aussi sauver des vies’, à l’heure où la demande est telle que la prise en charge des patients s’allonge de plus en plus. Pourtant, soigner les maux de l’esprit compte tout autant que ceux du corps pour les psychiatres engagés dans l’opération. Une idée qui sera relayée lors des Nuits de la psychiatrie. Reste à savoir si du côté du gouvernement, la réponse dépassera le simple effet d’annonce.
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