"On peut y voir deux raisons. La première, c’est que l’UOIF, comme marque, a été très largement dévaluée au cours de ces dernières années suite à l’ensemble des polémiques au sein desquelles l’UOIF a été mentionnée. C’est l’occasion de se donner une sorte de nouveau départ. Et l’on peut voir aussi une sorte de volonté hégémonique, de se mettre au centre du jeu, en reprenant l’appellation Musulmans. On s’approprie l’ensemble d’une communauté, ce qui met les adversaires dans une position différente puisque finalement ils ne peuvent plus prétendre à ce nom" explique Michael Privot, directeur du réseau européen contre le racisme à Bruxelles.
"Cela reste quand même une organisation qui est très importante, et qui, par rapport à d’autres, est beaucoup plus organisée. Elle a la possibilité de peser sur un ensemble de conversations et la foire annuelle qu’ils organisent est l’un des plus grands événements de l’islam de France. Cela leur permet de donner un certain la au sein de la communauté musulmane" ajoute Michael Privot.
"Il est nécessaire que les pouvoirs publics s’intéressent à cette question puisque la question de l’islam, des musulmans, qui plus est dans un contexte sécuritaire assez difficile, est un enjeu sociétal majeur. Maintenant ce n’est pas complètement réaliste si on espère encore une fois vouloir développer un islam de France en faisant abstraction des gens qui pratiquent cette religion, des organisations qui animent ces communautés. Il faudrait plutôt développer un cadre au sein duquel les acteurs eux-mêmes peuvent développer une forme de représentation, leur forme d’autorégulation en interne. Là où les pouvoirs publics ont un rôle, c’est de faire en sorte que ce ne soit pas les mêmes acteurs qui à nouveau prétendent représenter tout le monde" conclut Michael Privot.
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