Le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer l’a annoncé : il veut poursuivre vers une école inclusive. De plus en plus d’élèves en situation de handicap sont scolarisés. A la rentrée 2019, ils étaient 363 500 dans les établissements ordinaires, soit 23 500 de plus qu’en 2018.
Mais du côté des associations, la réalité est différente. Pour Luc Gateau, le président de l’UNAPEI, la fédération française d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles, "les familles sont fatiguées d’entendre des beaux discours car elles rencontrent des tas de difficultés pour la scolarisation de leurs enfants. Certains n’ont que 4 heures de scolarisation par semaine". Toutes ces difficultés propres à l'éducation spécialisée provoque "un sentiment d’injustice pour les familles".
Quand ils parviennent à trouver une place dans un établissement, les élèves ne sont pas toujours bien encadrés. Certains enfants n’ont pas d’accompagnants d’élève en situation de handicap (AESH). Pourtant, 4000 AESH devraient être recrutés en cette rentrée. Mais encore une fois, la réalité sur le terrain est bien différente. Selon Didier Voïta, le vice-président de l'Union des associations nationales de personnes sourdes, malentendantes (Unanimes), "les postes existent mais on ne trouve pas de candidats, peut-être parce que c’est peu payé".
Et à chaque rentrée, un problème récurrent se présente : ces accompagnants ne sont pas toujours dédiées à un seul enfant. Les élèves doivent donc se partager un accompagnant. C’est le cas de Yanis, 7 ans, atteint de troubles autistiques. Il a été déscolarisé en février dernier après n'avoir passé qu'une heure par semaine à l’école. Son père, Marc, regrette que son assistante de vie scolaire (AVS) n’ait pas toujours été présente dans l'établissement. Cela a perturbé son enfant. Marc espérait donc l’inscrire dans un institut médico-éducatif (IME) mais là encore, il n’y a pas de place. "Il est sans solution", conclut ce papa, désabusé, qui réfléchit maintenant à l’inscire en unité locale d’insertion scolaire (ULIS). Cela permettrait à Yanis de suivre les cours dans sa classe de référence tout en étant particulièrement suivi par un enseignant désigné. 350 nouveaux centres ont été créés en cette rentrée.
Mais malgré ces solutions, la rentrée n’est jamais facile pour les parents d’élèves en situation de handicap. Beaucoup doivent franchir des lourdeurs administratives avant de scolariser leur enfant. Aude Ducatillon a une fille souffrant d’une maladie génétique et a des mauvais souvenirs. "On est toujours sujets à l’imprévu et à des dossiers administratifs sans fin", assure-t-elle.
Les parents d’élèves handicapés voient d’un bon œil la volonté de la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, d’équiper les enseignants de masque transparent. "Nous nous réjouissons mais nous serons très vigilants car on parle déjà de rupture de stock", assure Didier Voïta. Les masques transparents sont essentiels pour les personnes sourdes et malentendantes qui ont besoin de lire sur les lèvres.
Depuis le 1er juillet 2020, un numéro vert unique, le 0 805 805 110, permet de joindre, soit la cellule départementale, soit la cellule nationale Aide handicap École. Le but est d’informer, dans les 24 heures, les familles sur les dispositifs existants et sur le fonctionnement du service public de l’école inclusive.
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