Depuis 2014, Adeline Hazan est contrôleure générale des lieux de privation de liberté. Pour elle, le confinement est quelque chose que les personnes privées de liberté vivent en temps normal. "Elles sont souvent complètement exclues de la société, et elles ont beaucoup de mal à avoir des contacts à l'extérieur en temps normal. C'est un confinement dans le confinement. C'est une double peine, car il y a la privation de liberté mais aussi des soupapes qui peuvent atténuer cette privation de liberté : visites, sport, culte" explique-t-elle sur RCF.
Avec l'épidémie de Covid-19, tout a été supprimé et les détenus sont dans leur cellule "au moins 23 heures sur 24". "C'est la raison pour laquelle j'ai demandé dès le lendemain du confinement à la ministre de la Justice que des mesures drastiques soient prises pour désengorger les prisons, puisque l'on sait que dans les maisons d'arrêt, c'est en temps normal une surpopulation de 140%, avec des pics de 180 à 200% dans les prisons d'Île-de-France" ajoute Adeline Hazan.
En Italie, l'épidémie de Covid-19 a engendré des situations particulièrement violentes dans les prisons. Ce que la France redoute également. "On voit que malgré les mesures prises, il y a à peu près 30 cas de Covid-19 depuis le début de la crise. On ne peut que craindre que ces cas se multiplient. Dès lors qu'ils seront plus importants, il y aura un mouvement de panique chez les détenus, et les incidents risquent de se multiplier" lance-t-elle.
En prison, les gestes barrière de base, la distanciation sociale, ne sont pas envisageables en prison. "Les détenus sont par deux ou trois dans des cellules de 9m2 avec parfois un matelas par terre. La nourriture continue à être distribuée par des auxiliaires dans des bacs avec des louches. Tout cela n'est pas du tout propice aux gestes barrière" précise la contrôleure générale des prison.
Pour cette dernière, "la surpopulation carcérale dans nos maison d'arrêt est un fléau pour notre société. On est à un taux moyen d'occupation de 140%". Cette crise du coronavirus rappelle pour Adeline Hazan qu'il y a en France des "incarcérations beaucoup trop fréquentes, ainsi que des alternatives à cela encore beaucoup trop faibles. Elle dit également que le système de santé des prisons est complètement insuffisant, notamment en temps de crise".
Une situation qui s'en ressent sur la situation psychique des détenus. "Il faut des mesures urgentes pour que la psychiatrie soit considérée comme une discipline à part entière, et non pas comme la dernière roue du carrosse, le parent pauvre de la médecine" conclut Adeline Hazan.
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