Faut-il revoir totalement notre manière de fonctionner avec la Chine ? La Chine, usine du monde, principal fournisseur de la planète en produits divers et variés, d’où est partie l’épidémie de coronavirus, et qui se retrouve aujourd’hui isolée. De nombreuses compagnies aériennes ont cessé leurs vols long-courriers avec ce pays. Les plus grands groupes français interdisent désormais à leurs cadres d’y effectuer des voyages d’affaires. Une situation qui met à mal l’économie mondiale.
Tout est partie de la région du Wuhan. Une région stratégique à plus d’un titre pour la Chine. "Quand on regarde une carte, c’est en plein milieu. C’est un centre industriel très important. La France est en première loge, car Wuhan, c’est l’industrie automobile. Nous voyons cela de très près. Wuhan, ce sont les communications, l’industrie et les relations avec la France" explique Jean-François Di Meglio, président d’Asia Centre, think tank de recherche sur l’Asie.
Pourtant, aujourd’hui, on peut dire que toute la Chine est concernée par cette épidémie. "Les foyers sont relativement limités. Néanmoins toutes les provinces sont touchées. C’est un pays dans lequel il y a beaucoup d’échanges entre provinces. Les principaux services reviennent à la normale, comme les transports. Néanmoins, on a du retard dans l’acheminement des pièces détachées pour l’industrie, dans le retour des migrants" ajoute-t-il.
En 2020, l’économie chinoise prévoyait de faire une croissance de 6%. "Arithmétiquement, cela fait 1,5% par trimestre. Nous serons à 0% au premier trimestre. Il faudrait donc un rattrapage sur les trois trimestres suivants pour atteindre le taux de croissance prévu. Ensuite, concernant les secteurs, il y a des secteurs qui fonctionnent à court-terme, et qui sont particulièrement frappés" lance ce spécialiste de la Chine.
Le coronavirus révèle finalement la dépendance du monde à la Chine, et les limites de la mondialisation. Même s’il faut nuancer, précise le président d’Asia Centre. "Tout n’est pas fait en Chine. La Chine, c’est un peu plus de 12% de l’économie mondiale. Un chiffre qui atteint 40 voire 50% pour la sous-traitance des produits occidentaux. On ne peut pas se permettre d’avoir un arrêt de plusieurs mois sans que cela ait un impact sur la production en Occident, et par conséquent sur la croissance mondiale" analyse-t-il.
Pour ce dernier, la Chine nous rappelle aujourd’hui qu’elle est un pays émergent, même si pour Jean-François Di Meglio, elle a eu tendance à nous le faire oublier. C’est là qu’a été notre naïveté, conclut-il. "Nous avons oublié que la Chine était un pays à deux visages : pays émergé par certains côtés, et pays émergent n’ayant pas résolu tous les problèmes de la croissance d’un autre côté".
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